Des comptes en banque gelés en Rép. Dominicaine, Y compris ceux de la f…

L’IMPLICATION DE L’INTERNATIONAL DANS LE DOSSIER PETROCARIBE SE PRÉCISE

  • Des comptes en banque gelés en Rép. Dominicaine
  • Y compris ceux de la famille présidentielle…

L’information qui a circulé sur les réseaux sociaux, la semaine dernière, faisant état du gel de comptes appartenant à des officiels haïtiens (passés et présents) en résidence dans des banques dominicaines, par les autorités de l’État voisin, sont loin d’être de fausses nouvelles (Fake News). Selon des sources diplomatiques, cette mesure a été suggérée par des autorités américaines. Ces dernières ont pris cette initiative, dans le cadre du rôle que le grand voisin entend s’attribuer dans la gestion du dossier. Le gel de ces comptes sera suivi d’autres décisions relatives à différents biens que ces personnes possèdent de l’autre côté de la frontière.

Selon l’information initialement annoncée et attribuée à Julieta Tejada, porte-parole du procureur général de Santo Domingo, Me Francisco Dominguez Brito, au moins 50 comptes en banque dans des institutions dominicaines dont les déposants sont des présents et anciens officiels haïtiens, sont gelés. Il s’agit, apprend-on, de comptes en dollars américains et en pesos dominicains répartis de la manière suivante : USD 201 605 321,78 $ et 506 789 451,18 pesos. Il est allégué, selon l’information rapportée par Mme Tejada, que les 50 comptes en question appartiennent à des ex-ministres et à des parlementaires haïtiens.

Ces révélations laissaient sceptiques de nombreux acteurs dans certains milieux politique et journalistiques haïtiens. Afin d’établir l’authenticité des faits rapportés, Léo Joseph a adressé un e-mail à Julieta Tehada. qui reste sans réponse, après déjà plus d’une semaine. Mais d’autres sources générale- ment fiables ont précisé que les mesures conservatoires annoncées par Julieta Tehada ont été prises suite à la suggestion des autorités américaines, dans le cadre de l’instruction du dossier PetroCaribe. Cette initiative, ont-elles fait comprendre, s’explique par le fait que les Américains et leurs « alliés » entendent jouer un rôle de premier plan, dans l’objectif de garantir la tenue d’un procès « juste et équitable », mais surtout « complet et objectif » contre toutes les personnes jugées fautives.

Ces mêmes sources ont ajouté que Mme Tehada s’est gardée de répondre à l’e-mail qui lui a été adressée parce que son patron entend limiter ses responsabilités dans cette affaire, car ayant agi à l’instigation des Américains, souhaitent que soient limitées les informations qui peuvent être divulguées.

Les comptes de la famille présidentielle également concernés

Parmi les quelque 50 comptes en résidence dans des institutions bancaires de la République dominicaine, aux noms des officiels haïtiens dont le blocage des avoirs a été ordonné par le procureur général de Santo Domingo, figurent ceux de Jovenel Moïse, de sa femme Martine ainsi que de son père. Ces informateurs ont également laissé entendre que les comptes en banque du couple présidentiel ont été très actifs, surtout au cours de la fin de l’année 2017 au début de celle en cours.

La décision de geler ces comptes constitue la première d’une série de mesures que les autorités judiciaires de la République dominicaine projettent de prendre. En vertu de la requête formulée par leurs collègues américains, dit-on dans les milieux autorisés, les décideurs dominicains comptent aussi prendre des mesures conservatoires contre les biens, meubles immeubles et véhicules appartenant à des autorités haïtiennes (passées ou présentes) soupçonnées d’être associés au vol du fonds PetroCaribe.

Par souci du respect du mot d’ordre de discrétion à observer dans cette affaire de gel des comptes bancaires appartenant aux gros bonnets haïtiens, les informateurs hésitent à divulguer des noms. Si ceux de la famille présidentielle ont été exposés par accident, les noms d’autres déposants resteront secrets jusqu’à ce qu’il soit décidé de les révéler. En tout cas, il y a de fortes chances que Michel Martelly et sa famille ont des comptes en République dominicaine. De même que Laurent Lamothe. Quant à Jean Max Bellerive, dont la femme est de nationalité dominicaine, il y a fort à parier qu’il a placé son magot de l’autre côté de la frontière.

Dans les milieux financiers, à Santo Domingo, les conversations vont souvent autour des biens que possèdent des hommes du pouvoir, en République dominicaine. Par exemple, on parle d’acquisition de condominiums, d’immeubles résidentiels et d’hôtels qu’ont fait Michel Martelly, des parlementaires haïtiens et des ministres, par souci de dissimuler l’argent qu’ils ont mal acquis.

Il semble que c’est sur la base de transactions ayant porté sur l’acquisition de biens meubles et immeubles que les hommes politiques haïtiens ont effectués en territoire dominicains que les Américains et les autorités dominicaines ont trouvé la piste des transactions ayant abouti à l’achat de propriétés luxueuses que possèdent les Haïtiens.

On affirme aussi qu’une enquête finira par indiquer combien les Haïtiens, ceux du pouvoir autant que ceux dans le secteur privé, ont investi dans l’immobilier, en République dominicaine. Selon des observateurs, beaucoup d’Haïtiens, qui travaillent ou qui ont travaillé, dans l’administration publique haïtienne possèdent des maisons richement meublées dont certaines abritent jusqu’à deux véhicules dans leurs garages.

Quelles relations avec les actions prises par le chef du parquet de Port-au-Prince ?

Quand le procureur fédéral de Santo Domingo prend ces mesures à l’encontre des gros potentats politiques haïtiens, on se demande quelles relations il faut établir avec les décisions prises par le commissaire du gouvernement par rapport aux individus et compagnies impliqués dans le détournement et le vol des milliards de dollars décaissés du fonds PetroCaribe.

En effet, alors que les autorités judiciaires dominicaines ont dirigé leurs actions sur les personnes ayant en leur possession des centaines de millions de dollars, Clamé Ocnam Daméus prend des décisions portant sur la « convocation » des ex-Premier ministres Jean Max Bellerive et Laurent Salvador Lamothe ainsi que Michelle Pierre- Louis; et interdiction de départ à l’encontre de l’ex-Premier ministre Évans Paul (K-Plim). Il y a une liste de compagnies faisant le tour des média sociaux dont les propriétaires sont dénoncés comme participants au pillage du fonds PetroCaribe, sans que M. Daméus se soit prononcé à leur sujet. D’aucuns qualifient ces mesures prises par M. Daméus de démagogiques, en ce sens qu’il semble méconnaître les grands acteurs tels que Michel Martelly, Jovenel Moïse et d’autres «grands mangeurs » qui ne sont nullement inquiétés. Des observateurs insistent pour dire que si Me Daméus avait l’intention de démontrer son indépendance, dans la gestion juridique de l’affaire PetroCaribe, il n’aurait qu’à prendre des mesures conservatoires contre les biens des personnes accusées, comme l’a décidé le procureur général de Santo Domingo, eu égard aux hauts fonctionnaires haïtiens accusés de vol des USD 3,8 milliards $ du fonds PetroCaribe.

Clamé-Ocnam Daméus affiche avec éloquence sa pusillanimité, sinon sa servilité, à l’égard de Jovenel Moïse et ses alliés dans le détournement des milliards de dollars générés par la vente du brut vénézuélien sur le marché haïtien.

En effet, il feint d’ignorer le cas de l’ex-ministre des Finances et des Affaires économiques, Marie-Carmel Jean-Marie. Elle est accusée d’avoir tiré USD 10 millions $ du fonds PetroCaribe qu’elle a versés comme paiement au groupe Bidgio pour le dragage du port de Port-au-Prince. En retour, des milieux bien informés de l’affaire ont fait savoir qu’elle a obtenu USD 2 millions (comme ristourne ?) de la maison Bidgio De cet argent, elle aurait utilisé USD 1,2 million pour s’acheter un condominium à Miami. Plus de cinq ans depuis que le groupe Bidgio a touché ces millions, le port de Port-au-Prince n’est pas dragué.

À la lumière des dernières décisions prises à Santo Domingo, on peut conclure que, définitive- ment, le dossier PetroCaribe dépasse la compétence des dirigeants haï- tiens. Car ces derniers n’affichent aucune volonté de permettre à la justice haïtienne de jouer pleinement son rôle en ce qui concerne la poursuite des hommes et femmes qui ont participé à cette vaste conspiration. Dorénavant, ceux qui remuent ciel et terre pour que ce procès se tienne, doivent rester aux écoutes des nouvelles en provenance de Santo Domingo. Car les Dominicains et les Américains semblent être logés à la même enseigne par rapport à l’affaire PetroCaribe. L.J.


Cet article se trouve en P. 1, 2 de l’édition du 14 novembre 2018 de l’hebdomadaire Haïti-Observateur et, est à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/11/H-O-14-novemebe-2018-1.pdf