APRÈS L’ÉCHEC DES DERNIÈRES NÉGOCIATIONS, NOUVELLES STRATÉGIES
- Helen Meagher La Lime roulée dans la farine…
- Jovenel Moïse : Un intrus à la Nonciature… par Léo Joseph
Il semble que la crise ait pris une nouvelle phase, après l’échec des pourparlers qui se sont déroulés à la Nonciature, les mercredi, jeudi et vendredi (26, 27 et 28 janvier) qui se sont soldés par un énième échec. Si les personnalités proches du pouvoir ou alliés de Jovenel Moïse, qui y participaient, pensent que des avancées ont été réalisées, d’autres croient le contraire. Pour ces derniers, les résultats souhaités n’ont pas été au rendez-vous, à cause de l’intransigeance du locataire du Palais national accusé de n’avoir rien en tête en envoyant ses représentants à cette rencontre. Sinon l’idée de faire traîner les palabres, souhaitant arriver à la date de l’échéance de son mandat, le 7 février 2022, alors qu’en réalité celui-ci prend fin le 7 février 2021.
D’entrée de jeu, on ne doit passe leurrer à propos de ces discussions, qui ont eu lieu, non pas entre l’opposition démocratique et les partisans de Jovenel Moïse, comme le Palais national et les PHTKistes veulent le faire entendre. Il s’agissait, de préférence, de pourparlers inter-amis, c’est-à-dire des rencontres qui regroupaient autour d’une table des personnes ayant les mêmes intérêts et défendant les mêmes causes.
En effet, à la Nonciature, durant ces trois jours, la presque totalité des participants étaient des partisans de Jovenel Moïse et des hauts fonctionnaires de l’équipe Tèt Kale. Anciens ministres, directeurs généraux et d’autres ex-cadres supérieurs. Ces mêmes participants, apprend-on de sources autorisées, avaient représenté les intérêts de PHTK à la rencontre de Marriott. En la résidence du représentant du Pape, en Haïti, dans le cadre de ces assises, on était venu régler autre chose que mener des négociations, en vue de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale de consensus.
Si Helen Meagher La Lime, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies, en Haïti, avait donné l’assurance à son patron que Jovenel Moïse allait œuvrer pleinement pour que ces pourparlers aboutissent aux résultats attendus, allait découvrir ce que dernier a été au peuple haïtien, tout au long de son quinquennat: un menteur dur et coriace, un personnage qui n’a pas sa parole d’honneur.
Un intrus à la Nonciature
Selon des sources proches des négociations, les discussions se déroulaient dans une atmosphère généralement houleuse, les partisans de Jovenel Moïse, principalement Liné Balthazar, ayant systématiquement refusé de souscrire à l’option selon laquelle le président de la République devrait renoncer à un an de son quinquennat. Il semble qu’un des participants aux négociations, à la Nonciature, à l’ainsi de tous, ait informé M. Moïse de cette allure des discussions, indiquant que les étrangers présents semblaient cautionner cette tendance. Au moment où l’on s’y attendait le moins, le chef de l’État a débarqué en la résidence du Nonce apostolique. De toute évidence pour renforcer l’attitude intransigeante dont faisait montre ses partisans.
Profitant des quelques minutes qu’il a passées, Jovenel Moïse a déclaré qu’il n’est prisonnier d’aucun mandat. «Je peux m’en aller aujourd’hui, demain, n’importe quand». Il a souligné avec force qu’avant de partir il faut que la constitution soit «refaite».
Il semble que la présence de cet intrus à la Nonciature, pratiquement faisant irruption sur le théâtre des négociations, alors que rien ne laissait prévoir qu’il allait venir ait pris tout le monde au dépourvu. En clair, donc, c’était la présence d’un intrus, à la Nonciature, dont l’intervention a franchement perturbé les esprits, ainsi que l’atmosphère. Surtout ceux qui avaient systématiquement refusé de se réunir avec Jovenel Moïse.
Helen Meagher La line contrariée
L’arrivée de Moïse, à la résidence du Nonce apostolique a pris tout le monde de court, à l’exception de ses partisans que cette présence insolite n’a point contrariée. Dans la mesure où les projets que M. Moïse se propose de réaliser ne peut prendre corps dans l’espace d’un matin, et qu’il faut une longue période de temps pour planifier les élections et préparer le terrain avant de mettre en route le processus électoral. Il semble que cette idée dérange on ne peut plus Mme La Lime qui a pris, dit-on, les dispositions pour se rendre à New York, en vue de présenter un rapport au secrétaire général.
On laisse croire, dans les milieux diplomatiques, à la capitale haïtienne, que Jovenel Moïse avait donné l’assurance à la représentante du secrétaire général de l’ONU que le président haïtien avait pris l’engagement de collaborer totalement en vue de trouver une solution haïtienne à la crise. Mais les propos qu’il a tenus lors de sa visite impromptue à la Nonciature ne laissent aucun doute, quant à sa volonté de négocier avec les parties en présence.
Si Helen Meagher La Line passait vraiment le plus clair de son temps à diaboliser l’opposition démocratique, au profit de Jovenel Moïse, il semble qu’elle ait constaté avoir été roulée dans la farine par ce dernier. Contrariée au possible, selon des sources diplomatiques hautement crédibles, elle n’a pas encore indiqué quelles prochaines initiatives qu’elle se propose de lancer pour atteindre les objectifs visés par l’organisation mondiale, dans la mesure où les autorités onusiennes comptent encore s’engager à fond dans la recherche d’une solution à la crise qui sévit depuis déjà plus d’un an.
Intervenant par le biais d’une radio de la capitale, Paul Denis, qui participait aussi aux négociations, mais qui avait catégoriquement refusé de rencontrer avec Jovenel Moïse, au Palais national, n’a point mâché ses mots pour faire remarquer combien il se sentait offusqué par l’irruption de celui-là à la Nonciature.
La mobilisation encore
De son côté, le secteur démocratique et populaire a répudié la rencontre qui s’était tenue à la Nonciature, critiquant sévèrement les participants à cette rencontre. Ils ont déclaré avoir pris leurs distances par rapport à ceux qui véhiculent de désir de voir Jovenel Moïse partir le 7 février 2021. Ils restent accrochés à l’idée qu’il doit quitter le pouvoir «immédiatement et sans conditions».
Signalons que durant ces rencontres, qui se sont étirées sur trois jours, la fin du quinquennat de M. Moïse, fixée au 7 février 2021, était sur la table. Mais les secteurs dont l’avocat André Michel est le porte-parole, insistent pour que Jovenel Moïse quitte le pouvoir avant cette date, rejetant d’un revers de main la proposition suggérant que le départ de Nèg Bannann nan ait lieu le 7 février 2022.
Intervenant, pour sa part, lors d’une conférence de presse, le sénateur Nènèl Cassy a déclaré parlant du secteur démocratique : «Le secteur entend s’invvestir dans un combat corse sur plusieurs fronts, sur le plan stratégique, tactique et idéologique, pour arriver à bout de Jovenel Moïse».
Pour le secteur démocratique et populaire, désormais, le mot d’ordre est la mobilisation. À cet égard, André Michel veut être clair. Le peuple, dit-il, ne laissera personne négocier dans son dos. Il sera présent dans tous les lieux où se déroulent pareilles initiative. Aussi a-t-il déclaré : «Quel que soit l’endroit où sera tenue la prochaine négociation, le peuple y sera».
Et Me Michel continue dans la même veine. «des racketteurs politiques discréditer la lutte du peuple haïtien».
D’autre part, ce même secteur donne rendez-vous aux militants ainsi qu’aux compatriotes de bonne foi, le 7 février, au Champ de Mars, et le 10 février au tribunal de Croix des Bouquets en guise de solidarité ; à l’égard de Rony Colin, le maire de cette municipalité, dans un conflit l’opposant à un membre de cette commune, qui avait envahi la mairie et fait des dégâts matériels. Un SOS à la Police pour solliciter son assistance est resté sans réponse.
Il semble que la PHN ait obéi au mot d’ordre du ministère de l’Intérieur qui lui aurait passé des instructions pour qu’elle n’accède pas à la requête du maire de Croix des Bouquets. D’aucuns pensent que cette indifférence de la PNH, à l’égard de cet SOS est manifestée en guise de représailles contre M. Colin qui met toujours sa station de radio à la disposition du peuple venus dénoncer les mauvais actes des dirigeants.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 5 février 2020 VOL. L, No. 5 New York, et se trouve en P. 1, 3, 14 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/02/H-O-5-Februar-2020-1.pdf