NOUVELLES BRÈVES
- À la veille d’une percée visant à changer le monde, le président américain commet des gaffes
Au moment où vous lisez ces lignes, le sommet Trump-Kim aura lieu et on saura davantage ce qui peut advenir des relations entre les États-Unis, allié de la Corée du Sud, face ā la Corée du Nord, relations sous la menace constante d’une guerre de basse intensité depuis la fin de la guerre, en 1953, entre le Nord et le Sud. Toutefois, les relations entre les États-Unis et ses alliés du G-7,se détériorant ā vue d’œil, enlèvent un peu du panache de la visite dite historique des deux chefs d’État.
En effet, avant de laisser Washington, le vendredi 9 juin, arrivant en retard au siège de la réunion du G-7, à La Malbaie, banlieue de la ville de Québec, au Canada, le président Donald Trump devait exprimer son mécontentement concernant l’expulsion de la Russie du G-8, suite à l’invasion russe, en 2014, et l’annexion de la Crimée, territoire ukranien. M. Trump a plaidé pour l’inclusion du pays de Poutine. Sans consultation au préalable, le président américain lancé, pour ainsi dire, un ultimatum aux six autres membres du G7, savoir l’Allemagne, le Canada, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume Uni. Puis, prétextant qu’il était attendu à Singapour pour le sommet avec Kim Jong-un, il laissa la réunion samedi avant la signature coutumière du communiqué conjoint traditionnel émis à la fin du débat entre les chefs réunis. Dire que le face-à-face avec Kim Jong-un était prévu pour le mardi 12 mars, à 9 heures du matin (neuf heures du soir, heure de l’est aux États-Unis).
Pire encore, samedi soir (10 juin), à bord de l’ « Air Force One », la forteresse volante du président américain, il lançait des « tweets » à l’encontre du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, le qualifiant de «menteur », de « pusillanime et malhonnête ». Il passa des instructions à ses subalternes de ne signer aucun communiqué du groupe en son nom. C’était sa réaction à une déclaration du Premier ministre canadien, savoir que le Canada ne resterait pas les bras croisés face à l’augmentation des tarifs imposés par M. Trump sur l’aluminium et le fer en provenance du Canada et d’autres pays dits amis. M. Trudeau devait aussi dire que M. Trump agit comme une « brute », croyant que ses partenaires obéiront sans maugréer à la guerre des tarifs qu’il venait de déclarer. Au cours d’une conférence de presse, M. Trudeau ajoutait que les Canadiens « ne prennent pas à légère » les propos du président américain déclarant son pays une « menace pour la sécurité des États-Unis, . . . c’est même insultant ».
La guerre des mots s’est intensifiée avec la déclaration de Peter Navarro, le conseiller du président Trump en matières d’échanges commerciales. Lors d’une interview, le dimanche 10 juin, sur la chaîne Fox, il lâcha : « Il existe un endroit spécial en enfer pour tout leader étranger qui s’engage dans la diplomatie de mauvaise foi avec le président Donald J. Trump, puis lui donne un coup de couteau dans le dos, une fois la porte refermée derrière lui ».
Pour sa part, Larry Kudlow, conseiller en chef du président Trump pour les affaires économiques, enfonça le clou davantage, le même dimanche, lors d’une prestation à « State of the Union » (l’état de l’Union), un programme spécial sur la chaîne CNN. « C’est de la traîtrise” devait-il dire, de la part du Premier ministre Trudeau qui a débité des médisances contre le président Trump. Il est revenu aussi avec la fameuse expression de « coup de couteau dans le dos » du président Trump par M.Trudeau. (Ironie du sort, mardi soir, heure de l’est américain, avant qu’il n’ait rencontré Kim Jong-un, le président Trump annonçait qu’il venait d’apprendre de Washington que Larry Kudlow a subi une crise cardiaque, et qu’il a été transporté à l’hôpital; mais que son cas n’est pas si grave, qu’il s’en remettra bientôt).
En effet, M. Trudeau avait affirmé qu’au 1er juillet « nous avancerons avec des mesures de représailles » contre l’augmentation des tarifs annoncée parle président Trump. Il ressort que M. Trudeau agit en agneau propitiatoire pour les autres membres du G-7 ainsi que pour d’autres économies, telles celles du Mexique et du Brésil frappées eux aussi par les décisions commerciales unilatérales de M. Trump.
Dans une telle atmosphère, le monde entier,sans doute, applaudissait ce qu’on voyait à la télévision, le samedi 12 juin, à neuf heures du matin, heure de Singapour : la poignée de main des chefs d’État américain et nord coréen pour la presse, puis leur disparition accompagnés seulement de deux interprètes. Ils allaient passer près d’une heure ensemble loin des regards indiscrets. Le président Trump avait déclaré, avant son départ : « en mission de la paix », il saura « dès la première minute » ce à quoi il doit s’attendre de son interlocuteur. Car, devait-il ajouter: « ils’agit d’attitude », comme pour dire qu’en le regardant dans les yeux, il aura déjà su à quoi s’en tenir.
Pour ce qui s’agit de la « politique d’attitude », il faut se référer au président George W. Bush qui, en 2001, avait émis son analyse du personnage Vladimir Putin : « J’ai regardé l’homme dans les yeux, je l’ai trouvé une personne simple et digne de confiance. Nous avons eu un bon dialogue. J’ai pu soupeser son âme; un homme complètement dédié à son pays et aux intérêts les meilleurs pour son peuple ”. Pourtant M. Poutine a prouvé, parla suite, entant qu’ancien agent de la KGB, le service d’espionnage de l’ex-Union soviétique, il continuait la guerre froide par d’autres moyens, telle que la manipulation des élections aux États-Unis et ailleurs, ainsi que l’annexion des de pays limitrophes de la Russie.
Le président Trump, après avoir rencontré le leader nord-coréen, Kim Jong-un, mardi, a déclaré, sur le champ, qu’il allait suspendre les exercices militaires de concert avec son allié, la Corée du Sud, exercices qu’il a qualifiés de « provocateurs ». Il a ajouté que « nous allons travailler ensemble (lui et Kim) pour arriver à la ‘dénucléarisation’ de la Péninsule de la Corée », sans donner d’autres précisions.
L’annonce de suspension des exercices militaires est une surprise pour tout le monde, y compris
le président sud-coréen Moon Jae-in. À voir les photos de Trump et de Kim dans une précédente poignée de main, au cours de laquelle on a vu M. Trump passer la main dans le dos de Kim, et vice-versa, et les deux hommes marchant côte à côte dans la cour de l’hôtel Capella, on croirait que ce sont des amis de vieille date. Pourtant ils se sont mutuellement insultés récemment, se décernant des épithètes péjoratives; un tel revirement déroute les observateurs.
En tout cas, les commentaires des parlementaires américains, tant du côté démocrate que républicain, ne sont pas tendres envers le président Trump qui, selon eux, serait allé trop vite en besogne, faisant des concessions au « dictateur coréen ». Déclarer ouvertement « provocateurs » les exercices qui ont eu lieu deux fois l’an depuis des décennies, de concert avec la Corée du Sud, c’est baisser pavillon devant un homme d’une cruauté sans pareil, ayant assassiné son oncle et son frère, pour se cramponner au pouvoir. Il va sans dire que Kim Jong-un a beaucoup gagné, s’étant élevé au rang de leader à renommée mondiale.
cet article de l’édition du 13 juin 2018 de l’hebdomadaire Haïti-Observateur, se trouve en P. 1, 12 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/06/H-O-13-June-2018-2.pdf