Jovenel Moise : Mutations sociologiques et développement économique en Haïti
Il est un certain nombre de conclusions qu’il importe de tirer des dernières élections présidentielles qui se sont déroulées en Haïti – des enseignements devant mieux informer les actions en développement et les politiques de développement économique que devraient mettre en œuvre non seulement les dirigeants politiques, mais également les élites et décideurs économiques et financiers de notre pays.
Pendant longtemps et ce, jusqu’à la dictature de «papa doc», notre pays est resté tributaire d’un développement économique vraiment archaïque – un développement économique strictement fondé sur les intérêts entièrement «privés» des compagnies multinationales, sur l’avidité prédatrice d’une élite économique autochtone, enfin sur le désir d’appropriation parasitaire d’une classe politique paternaliste et patrimoniale encore engluée dans les méandres du colonialisme. La situation ne s’améliora évidemment pas durant les années de dictature de la famille Duvalier – soit la mise en place d’un régime brutal et autoritaire ne libérant comme développement économique que l’espace de déploiement des forces productives les plus rétrogrades et les plus inféodées au régime politique ainsi constitué : seules les forces économiques les plus régressives pouvaient évoluer dans cet espace de terreur, de violence et de prédation.
L’existence d’un régime politique aussi fascisant et réactionnaire, et qui avait bloqué pendant autant d’années toute velléité d’émancipation de la société civile, avait évidemment ouvert la voie à cette autre forme d’idéologie politique «totalisante» qu’est le socialisme : au début des années ’90, les idées socialistes s’étaient propagées et avaient trouvé écho dans la société haïtienne pendant que Jean-Bertrand Aristide pouvait apparaître comme un sauveur aux yeux de tous ces malheureux dont même la dignité humaine n’avait jamais été reconnue. Figure de prou d’une sorte de «théologie de la libération» pour Haïti, le petit prêtre avait toutes les cartes dans son jeu pour jouer les guides spirituels auprès d’un peuple si longtemps exploité et méprisé : on le sait, l’alchimie de la dogmatique chrétienne et du marxisme ont souvent engendré ce genre de mouvement révolutionnaire hiératique et eschatologique.
Mais cet épisode peut-être nécessaire dans les circonstances, mais déjà dépassé par l’histoire avant même sa mise en œuvre définitive et ce, indépendamment de l’intervention américaine et française qui s’en suivit (l’exil forcé de Jean-Bertrand Aristide), ne pouvait que laisser place à une société civile enfin «libérée,» mais pour le moment «livrée à elle-même» et «désemparée» : d’où l’instauration d’une forme de gouverne politique de tutelle, mi-autoritaire, mi-démocratique et mi-libérale … une gouverne politique dotée des apparats de la démocratie au niveau formel (constitution, division des pouvoirs, système de représentation, etc.) mais qui relevait dans les faits d’une sorte de synthèse baroque entre les puissances tutélaires (les États-Unis surtout) et les forces politiques et économiques traditionnelles toujours en fonction dans le pays (on peut penser aux Partis politiques issus de la famille Lavalas par exemple).
Mais pour saisir plus à fond tous les enjeux d’une élection en terre d’Haïti, il faut analyser dans tous ses tenants et aboutissants les ressorts «invisibles, discrets et subtils» qui innervent les processus démocratiques officiels qui se déroulent dans cette île des Antilles aux mille couleurs. En Haïti, il y a toutes sortes de forces qui infléchissent la vie des gens dans toutes les dimensions de leur existence … que ce soit du côté des pouvoirs occultes, des entités immatérielles et des puissances idéologiques qui infléchissent la consistance du principe de réalité politique haïtien, que ce soit du côté des pouvoirs politiques, des mouvements sociopolitiques et des puissances financières qui dénaturent à leur avantage les fondations de la vie politique haïtienne, que ce soit du côté de la très lourde contingence matérielle/immanente qui dicte ses contraintes et ses impératifs à l’organisation de la vie collective (survie immédiate à laquelle faire face, besoins de base à combler, violences de tous ordres contre lesquelles se prémunir, exigences minimales associées au développement défaillant de la personne humaine à laquelle il faut répondre, etc.) que ce soit enfin du côté des fantômes qui hantent toujours cette société si profondément dévastée depuis ses origines pourrait-on dire.
Mais les choses changent toujours, même lorsqu’elles conservent pour un temps les mêmes apparences extérieures : les mentalités se transforment, les sensibilités connaissent des mutations, les idéologies politiques se métamorphosent, les pouvoirs d’influence de la modernité et de la mondialisation investissent les esprits et bouleversent les consciences, les mœurs évoluent (pour le meilleur et le pire), de nouveaux mouvements sociaux apparaissent et s’imposent, finalement les schèmes d’appréhension du monde qu’hier encore semblaient couler dans le béton s’évaporent comme par miracle. Aussi ne faut-il pas voir l’élection de Michel Martelly, en son temps, comme le fruit du hasard ou d’une simple conjoncture politique favorable même si ce même président Martelly avait pu compter, pour se faire élire, sur une célébrité et un prestige engrangés ailleurs ainsi que sur l’ensemble des gouvernements et des institutions internationales qui ont toujours «veillés» avec «intérêt» sur ce qui se passe en Haïti : Les États-Unis, le Canada, la France, l’ONU, etc.
Mais ce type d’analyse demeure très incomplète et il faut donc repenser l’arrivée au pouvoir de Michel Martelly comme le début d’une ère nouvelle pour Haïti ; pas à cause de l’homme en lui-même et de ses qualités personnelles, pas à cause des transformations réelles que son arrivée aurait induites au niveau de la gouverne politique, pas à cause des réalisations sociales et politiques effectives que son gouvernement aurait achevées. Il faut plutôt interpréter l’arrivée au pouvoir de Michel Martelly comme un compromis entre des mondes anciens et des mondes nouveaux – une synthèse difficile entre des mondes politiques encore gouvernés par les vieux schèmes régressifs et passéistes et des mondes politiques davantage tournés vers des conceptions plus modernes et libérales de la vie politique, sociale et économique (sans y croire beaucoup nécessairement et sans avoir les compétences nécessaires pour vraiment construire ces mondes nouveaux). Le règne de Michel Martelly sera peut-être qualifié, demain, «d’interrègne» entre une société civile haïtienne toujours enchâssée dans les points d’ancrage traditionnels et les formes de pouvoir héritées du passé et une société civile haïtienne davantage «investie» par les forces héritées des lumières, de la modernité démocratique et du libéralisme – sans idéaliser relativement au pouvoir destructeur et dévastateur emporté par ces nouvelles forces incontrôlables.
L’élection de Jouvenel Moïse au premier tour de scrutin, l’écart écrasant entre le score réussi par son parti et tous les autres partis politiques représentés ainsi que le discrédit généralisé auquel doit faire face la classe politique dans son ensemble … facteurs qui doivent être analysés comme l’achèvement ou du moins l’affirmation claire d’une mutation qualitative d’espèce dans la société haïtienne : l’ère des vieilles façons de faire, l’ère des vielles mentalités, l’ère des vieux schèmes et des vieilles conceptions doit être interprétée comme une ère révolue. Derrière des costumes identiques, depuis deux décennies, les choses ont commencé à changer en Haïti et la disqualification des Partis politiques anciens n’est que la face émergée d’un processus de libéralisation et de modernisation de la société haïtienne qui ne fait que s’amorcer, mais qui s’accélère de plus en plus dans notre pays. Une société qui part de très loin et qui pour demeurer encore lourdement englué dans un mal développement structurel et chronique, laisse transparaître les valeurs, les adhésions, les sensibilités et les déterminants qui induiront peut-être dans un avenir rapproché des transformations réelles très profondes à tous les niveaux de la vie sociale, politique et économique du pays.
Pour ne s’être jamais complètement soustraite des anciens schémas d’exercice du pouvoir qui ont depuis si longtemps prévalu en Haïti (combines lucratives, distribution des postes clés aux hommes de confiance, neutralisation des tribunaux, redistribution «orientée» des privilèges, système de clientélisme, etc.), l’ère Martelly portait «en soi» des mutations sociologiques et politiques que les acteurs individuels du drame ne soupçonnaient même pas. Avant même l’ère Martelly, des voix s’étaient déjà fait entendre pour exiger des mutations dans la structuration et le fonctionnement des institutions, des cellules de base avaient déjà exigé des revendications et des réformes qui pour n’avoir pas encore force réalité n’ont jamais cessé de travailler en profondeur le principe de réalité haïtienne, des associations civiles et citoyennes avaient déjà fait campagne pour que cessent certaines pratiques et que soient mises en place des pratiques plus justes, plus rationnelles et mieux adaptées aux exigences des temps modernes, des forces productives et économiques avaient déjà fait valoir certains impératifs quant à la nécessité de gouverner de manière plus technocratique, plus pragmatique et plus scientifique, des groupes de personnes et des forces organisées s’étaient déjà fait connaître dans leur désir de modifier les pratiques éducatives, curatives ou encore de transformer dans un sens nouveau les rapports sociaux existants …
Peut-être faut-il donc voir l’élection de Jovenel Moïse comme une nouvelle étape dans la transmutation de la société haïtienne vers une société plus ouverte, plus moderne et plus démocratique : une proposition que l’on peut accepter si l’on comprend bien qu’il ne s’agit pas ici de retomber dans une nouvelle idéologie facile où il y aurait les méchants passéistes d’un côté et les bons modernistes de l’autre. La société moderne, démocratique et libérale qui semble en train de vouloir éclore en Haïti va nécessairement engendrer tous les vices et les imperfections que l’on rencontre dans toutes les autres démocraties libérales de la planète … mais c’est le modèle de société qui s’impose maintenant à l’échelle de la planète et auquel aspirent désormais (et se voient aspirés !) tous les peuples de la terre. L’élection de Jovenel Moïse, c’est l’expression d’un espoir collectif de tourner la page du mal développement et de l’autoritarisme paternaliste en vue de construire une société plus juste, plus ouverte, plus libre et plus prospère.
Le monde se transforme à une vitesse vertigineuse et les consciences haïtiennes n’habitent peut-être plus les mondes traditionnels qu’on leur présuppose habités trop mécaniquement : l’infiltration des mentalités et des sensibilités par les nouvelles technologies, les transferts d’influence induits par les grandes puissances et les institutions internationales, les nouveaux modèles qui à tous les niveaux infusent et innervent la société haïtienne, les voyages incessants des jeunes Haïtiens et les échanges intenses et continus avec les diasporas situées à l’étranger, l’invasion des modes, des modes de vie, des courants artistiques et des mouvements sociaux au cœur même de la culture haïtienne, l’imitation des nouvelles formes d’organisation du travail productif en provenance des pays considérés comme les plus avant-gardistes comme la Californie, le Canada ou l’Allemagne … Tous ces facteurs ont déjà opéré, il faut en prendre note, des mutations qualitatives sur la société haïtienne et ce sont là des vecteurs de force qui commencent maintenant à faire sentir leurs effets sur l’organisation de la société à tous les niveaux et à s’imposer dans la réalité pratique et les façons de faire accepter des Haïtiens. Dans les familles relativement à la façon d’élever ses enfants et de concevoir le rôle et la fonction parentale (finalité, autorité, etc.), dans les écoles relativement à la façon d’éduquer les enfants, de les instruire, de les former et de les préparer à la vie adulte (méthodes, pédagogie, autorité, interventions, etc.), dans les collectifs de travail et les entreprises relativement à l’organisation du travail, à l’intégration et la participation des travailleurs, à l’intégration des technologies avancées, dans les institutions politiques relativement à leur mission et finalité, au respect de leurs juridictions et de leurs affectations, au bon fonctionnement et à l’efficience des processus institutionnels qu’elles réalisent … partout des mutations parfois invisibles, mais bien réelles sont en cours dans la société haïtienne.
Et si c’est en fonction de ces mutations qu’il faut comprendre l’échec cuisant de la classe politique traditionnelle dans notre pays (une classe politique haïtienne tombée en désuétude!!!) c’est également en fonction de ces mutations fondamentales que devra gouverner, s’il veut continuer de faire évoluer positivement la société haïtienne, Jovenel Moïse et la nouvelle équipe au pouvoir qui sera formée. La société haïtienne, prise dans son ensemble, a fait savoir au nouveau président élu qu’elle est plus prête que jamais pour passer à un stade supérieur de développement et de développement économique : mais le président devra savoir être «visionnaire» et adapter tous les processus politiques ainsi que toutes les politiques économiques de développement à la nouvelle donne sociologique du pays.
Le nouveau président devra se montrer inspiré, déterminé, habile et mobilisateur lorsque viendra le temps d’élaborer les politiques fiscales qui s’imposent désormais dans cette ère de mondialisation, lorsque viendra le temps d’élaborer les politiques financières les plus aptes à servir le développement économique du pays, lorsque viendra le temps de négocier des accords et des ententes avec nos partenaires étrangers, lorsque viendra le temps de fixer les termes des contrats (franchises, concessions, joint venture, etc.) passés avec des firmes étrangères (multinationales) – toujours dans le but d’assurer le maximum de retombées positives pour Haïti, lorsque viendra le temps de composer avec les organismes internationaux spécialisés dans le développement – afin d’assurer une synthèse optimale entre des organismes comme la CNUCED et les acteurs et producteurs locaux, lorsque viendra le temps de réguler au profit des intérêts supérieurs de la nation le travail des organismes non gouvernementaux œuvrant dans notre pays (certains organismes non gouvernementaux doivent être mieux régulés, car leur travail n’est pas toujours aussi «progressiste» qu’il le prétend), lorsque viendra le temps d’impliquer les forces locales et nationales dans le but d’accélérer le développement économique de notre pays en créant les synergies nécessaires (institutions financières, cabinets professionnels, marchands et compagnies, travailleurs et syndicats, etc.), lorsque viendra le temps de mobiliser les diverses diasporas vivant à l’étranger afin d’obtenir le maximum de plus-value de la part de ces différents acteurs en termes de développement économique …
Les défis sont énormes, mais un certain nombre de blocages et de résistances ont disparu, ce qui laisse au nouveau président des marges de manœuvre dont ne bénéficiaient pas ceux qui ont occupé ce poste avant lui, y compris Michel Martelly : de l’inertie provenant de la vieille classe politique en place (les mauvais perdants) ; de l’inertie provenant de groupes et d’associations locales facilement enclines à favoriser les actions destructrices plutôt que constructrices ; de l’inertie provenant des paysans et agriculteurs trop souvent inféodés à des croyances et superstitions ; de l’inertie provenant des travailleurs et des collectifs de travailleurs uniquement tournés vers la conservation de vieux acquis largement improductifs tout en étant fermés aux nouvelles formes d’organisation du travail ; de l’inertie provenant des élites sociales et religieuses davantage soucieuses de leurs pouvoirs et privilèges que de participer à construire une société civile et séculière libre et prospère ; finalement de l’inertie provenant des élites économiques davantage tournées vers l’exploitation éhontée de la force de travail et la recherche du profit à court terme que vers l’élaboration de projets de développement constructifs pour le pays ; de l’inertie provenant des compagnies locales et nationales peu enclines à intégrer les nouvelles technologies dans leur processus de production …
La nouvelle équipe dirigeante devra être visionnaire : afin soit de démarrer, soit de renforcer ou encore de s’assurer que soient menés à terme bon nombre de projets prometteurs qui devront être mis de l’avant ou encore qui ont été amorcés, mais qui demandent à être finalisé – on peut penser à la réalisation de complexes hôteliers et de cités récréatives attractives ; on peut penser à la réalisation ou à l’achèvement de cités résidentielles autosuffisantes (autosuffisance agricole, technologique, énergétique, financière, etc.) ; on peut penser au déploiement à grande échelle de projets énergétiques novateurs et qui s’inscrivent dans la logique d’un développement durable (de petites villes entièrement desservies par l’énergie solaire par exemple) ; on peut penser à la réalisation de projets et de choix collectifs dans des domaines essentiels comme le transport (en commun) – des projets qui comme celui de voitures ou d’autobus électriques peuvent intégrer des acteurs et sociétés locales et nationales, des acteurs et sociétés internationaux, des membres actifs des diverses diasporas disséminées dans le monde, etc. ; on peut penser à l’intégration de méthodes révolutionnaires pouvant impliquer et intéresser divers acteurs et sociétés œuvrant dans le milieu agricole – comme de petites unités agricoles très productives pratiquant la fameuse méthode «push-pull» par exemple ; on peut penser à la création de petites compagnies très productives s’inspirant des nouvelles formes de propriété et des modalités d’organisation du travail plus novatrices – des compagnies nationales capables d’offrir des produits et services essentiels dans des domaines où les besoins sont toujours criants dans notre pays (construction et intégration des nouveaux matériaux, plomberies et tuyauteries, produits et services sanitaires, systèmes de décontamination et de dé pollution, métiers spécialisés, techniciens sur machines à outils et sur machines à commande numérique, etc.)
La nouvelle équipe dirigeante devra savoir remanier et même «reformater» les réalités sociologiques haïtiennes dans le but de les réorienter vers une plus grande productivité générale : il en est ainsi dans le domaine de la formation de la main-d’œuvre – où la formation rapide de travailleurs spécialisés dans des secteurs d’activité très spécifiques et «connectés» sur la demande de travail constitue un enjeu majeur pour tous les États modernes ; il en est ainsi dans le domaine très vaste de l’organisation du travail – où les équipes de travail locales doivent s’adapter impérativement aux nouvelles modalités d’organisation de la force productive (travailleurs syndiqués ou non) ; il en est ainsi de l’intégration des technologies de pointe à tous les niveaux de la société – un problème que les gouvernements doivent participer à résoudre par des mesures incitatives appropriées et un travail d’éducation continu ; il en est ainsi dans l’adaptation des formes contractuelles existantes aux nouvelles réalités des entreprises et des agents de développement économique (étrangers ou nationaux) – la mise en place de formes contractuelles adaptées et pertinentes (franchise, concession, etc.) participant d’un bon développement économique et d’un usage plus judicieux des ressources de l’État ; il en est ainsi dans le jeu des nouvelles synthèses devant être négociées entre le patronat, l’État et les travailleurs (syndiqués) – les synthèses construites de manière rationnelle et démocratique influant directement sur la productivité des entreprises ; il en est ainsi dans la création et l’établissement d’institutions scolaires vraiment «formatés», dans chaque région, aux besoins effectifs du marché du travail et des nouvelles perspectives de développement – un gouvernement moderne doit décentraliser la création de ses écoles techniques en fonction d’une évaluation rationnelle de l’évolution du marché du travail ; il en est ainsi dans le leadership dont doit faire preuve un bon gouvernement dans la mobilisation des divers acteurs sociaux (institutions financières, entreprises privées, professionnels associés aux projets de développement, travailleurs spécialisés, etc.) en vue de réaliser des projets collectifs créateurs de richesse – savoir assurer la synergie et fournir les garanties pour que se réalisent effectivement les projets porteurs pour la société haïtienne ; il en est ainsi dans la nécessité, pour le gouvernement, de limiter, faute d’éradiquer, la corruption qui nécessairement infiltrera les grands chantiers de développement économique – la nécessité pour le gouvernement de «contenir à l’intérieur de limites raisonnables» la corruption cherchant à s’immiscer dans les projets importants de développement économique, et ce, afin que le projet ne soit pas «dénaturé» par cette gangrène toujours présente dans notre pays …
Il ne faut jamais mésestimer l’impact des politiques gouvernementales dans le processus de développement (et de développement économique) d’un pays : l’accumulation de bonnes politiques de développement constitue un facteur déterminant dans la réussite des projets de développement qui seront ou bien «étudiés» ou bien «mis de l’avant» par l’ensemble des agents de développement. Le futur gouvernement de Jovenel Moïse fait face à un défi majeur pour l’avenir de notre pays : car l’espace de manœuvre qui lui a été octroyé lors des dernières élections représente une responsabilité très lourde dans la mesure où il doit absolument se montrer «visionnaire» dans l’élaboration des politiques de développement qu’il privilégiera. Si le nouveau gouvernement se montre en retard par rapport à la société civile et opte pour des politiques qui entravent les volontés d’aller de l’avant qui se sont exprimées lors du dernier scrutin, il deviendra (de par ses politiques régressives) un frein au développement au lieu de devenir le «catalyseur» au développement que les acteurs sociaux exigent désormais d’un bon gouvernement. Sans oublier que ce ne sont pas seulement les politiques fiscales et économiques qui participent au développement d’une société, mais tout autant la capacité pour un gouvernement de construire sur tout le territoire un principe de réalité global favorisant à tous égards le développement social et économique : sécurité et justice, services de santé et d’éducation, équipements sanitaires et infrastructures, etc. Le défi est vaste et de taille pour le nouveau gouvernement, mais contrairement aux gouvernements précédents il a les mains libres au niveau politique et les mutations sociologiques qui affectent depuis quelques décennies les consciences haïtiennes constituent des déterminants fondamentaux susceptibles de soutenir et d’accréditer les actions, propositions et initiatives positives et constructives que pourrait mettre de l’avant le gouvernement de Jovenel Moïse.
- Dans l’optique d’un avenir meilleur pour Haïti …
- Que Dieu sauve notre chère Haïti
- Dr Alcius J.Gerard Kennedy
- 15 janvier 2017, 15H28
cet texte est une collaboration spéciale dans la conjoncture de juillet 2020, publiée par l’hebdomadaire Haïti-Observateur dans l’édition du 22 juillet 2020, VOL. L, No.28 et se trouve en P.12, 13, à cette adresse : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/07/h-o-20-juillet-2020-1.pdf