Lancée dans l’impréparation totale, dans le plus pur style de Jovenel Moïse, la «Caravane du changement » semble s’éreinter, avant même d’atteindre sa vitesse de croisière, sur son cheminement vers le Grand Sud. L’initiative mise en branle,selon toute vraisemblance, avant même que soit fait l’inventaire des équipements disponibles au Centre national des équipements (CNE), Nèg Bannann nan vient d’apprendre qu’- une bonne partie de la machinerie dont dispose l’État ne peut être déployée, dans le cadre des travaux envisagés pour cette partie du pays, et pour lesquels l’administration Moïse-Lafontant dit vouloir investir environ USD 56 millions $.
En effet, le président du régime tèt kale vient d’essuyer son premier revers dans le lancement de la Caravane en direction de la région des Cayes, dans le sud du pays. Lors d’un arrêt, au niveau de l’en- droit appelé Carrefour 44, bretelle connectée à la Nationale No. 2 et qui mène à Côte de Fer, dans le département du sud-est, il a été désagréablement surpris. M. Moïse, qui a, dans le passé, voyagé sur cette route à plusieurs reprises pour se rendre dans la métropole du sud, n’avait pas eu l’occasion de s’arrêter avant à ce dépôt du CEN situé sur la route de Carrefour 44, à un coup de pistolet de la voie principale qui mène aux Cayes.
Accompagné du président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy, lors de ce déplacement, dimanche, le président Moïse a constaté que les équipements qui s’y trouvent sont quasiment hors service.
Camions à bascules, loaders, remorqueurs, camions-citernes, tracteurs, tout l’appareillage est abandonné sur un terrain vague où pousse la végétation sauvage. Les équipements ont l’air d’avoir été abandonnés et rendus hors d’usage depuis longtemps.
On peut également se faire une idée de ce dépôt abandonné et de la condition de la machinerie, autrement en bon état, qui n’a pas subi de réparations sur une base régulière, comme cela aurait dû se faire. D’ailleurs, il semble que les équipements aient été délibérément abandonnés et laissés sans aucune surveillance, à la merci de tous ceux qui ont besoin de fouiller dans les poubelles. C’est pourquoi on a vu de gros poids lourds garés sur trois, deux, une ou zéro roues; aussi bien que des moteurs et autres pièces précieuses jonchant le sol.
On n’a pu établir pendant combien de temps ces équipements ont été ainsi abandonnés. Mais on ne devrait pas s’étonner qu’ils aient été désaffectés durant des années. Car l’environnement ne laisse voir aucun signe de présence humaine. On se demande comment des machines de valeur comme celles-ci ont-elles été ainsi abandonnées sans qu’un gardien n’ait été chargé de surveiller le terrain. En clair, les autorités ont décidé délibérément d’abandonner ces engins sans se soucier le moindrement de leur intégrité.
Pourtant, même en panne, ces machines pouvaient encore servir, dans la mesure où l’administration de la CNE exécute scrupuleusement le programme de réparation de l’équipement généralement conçu pour assurer longue vie à ces engins. À noter que dans des entreprises préposées à la construction, les camions et les tracteurs de ce genre, dont l’entretien est scrupuleusement observé, peuvent durer jusqu’à vingt ou vingt-cinq ans, et même davantage.
Les dirigeants du pays ne se sont pas donné la peine d’évaluer la perte subie par l’État haïtien, suite au gaspillage de ces équipements. À la lumière de ce qu’on a constaté au dépôt du CNE se trouvant à Carrefour 44, il faudrait également faire une évaluation des lieux au centre de cette institution à la capitale; ainsi qu‘aux sites où ces équipements se trouvent entreposés dans d’autres régions du pays. Il y a fort à parier que, en termes d’équipements abandonnés et rendus obsolètes par la désaffectation continue, les pertes enregistrées par l’État pourraient se chiffrer à des millions de dollars. Pourtant personne n’aura à rendre comptes de ces pertes.
Sans doute Jovenel Moïse ne s’attendait pas à recevoir ces mauvaises nouvelles. Il faut aussi conclure qu’il comptait beaucoup sur l’utilisation, en tout ou en partie, de ces équipements, dans l’exécution des travaux envisagés dans le programme de la Caravane.Sur ces entre-faits,il y a un déficit d’équipements qui devra affecter la bonne marche des travaux.Ce qui pourrait se traduire, faute de trouver des machines pour remplacer celles qui manquent, à un besoin supplémentaire d’équipements. On peut donc conclure que la Caravane est déjà sur béquilles avant même d’entamer ses travaux dans le Grand Sud.Mauvais présage pour cette initiative sur laquelle Jovenel Moïse mise le succès de son quinquennat.