REGARD DE LA FENÊTRE
- HAÏTI/CHINE DIPLOMATIE/MONDE
- La Chine continue sa quête de suprématie géopolitique par Michelle Mevs
Adviendra-t-il qu’Haïti coopère avec la Chine continentale ? Or, « L’économie chinoise dépassera celle des États-Unis pour devenir la plus puissante du monde d’ici à 15 ans », écrit Kishore Mahbubani du Monde diplomatique, édition du mois d´avril 2019. Prémisses : Encore une fois, nous- autres, les Haïtiens, ne savons pas à quoi nous en tenir sur les vérités énoncées comme sur les silences du gouvernement haïtien sur bien des sujets d’intérêt internationaux relatifs à notre avenir.
Le Qatar est-il disposé ou non à intervenir économiquement en Haïti? Taiwan fera-t-il place à la Chine continentale comme en République dominicaine ? À quel point en est la coopération avec Taiwan sur qui notre président Jovenel Moïse comptait pour électrifier rapidement le pays et pas seulement. Bien évidemment un tel état de choses fait le bonheur de nos vendeurs de micros, les plus populaires de la presse haïtienne, ou mâchant près micros; qui instigue une compréhension boiteuse des choses dans la population; commençant par les parlementaires qui sont censés contrôler et protéger le pays de tout excès ou manque des trois pouvoirs. Ces parlementaires entre autres décideurs sont-ils seulement informés comme il se doit ? Quant à l´homme du peuple, il subit toutes ces devinettes qu’émettent les uns et les autres sur la toile.
Ils sont nombreux à s’autoproclamer analystes politiques vociférant haut et fort avoir eu raison dans toutes leurs prédictions. Cependant, on sait que nul ne peut prédire l´avenir. Il n´y a que conjecture. Or, on sait également que même un bon analyste politique n’a pas toujours raison surtout quand il n’a pas accès aux faits et que sa finalité servirait davantage à faire réfléchir le lecteur à partir de certains aspects des événements, projetant les diverses possibilités et les imbrications potentielles.
En conséquence, pour analyser correctement l’avenir à partir du présent, il faudrait plus de transparence de la part de nos décideurs.
Avons-nous raison de penser que le pouvoir en place en Haïti fait de la diplomatie un élément de propagande à son avantage ? Que savons-nous vraiment des contrats signés entre Taiwan et Haïti ? Qui dans la presse haïtien-e a accès aux informations de fond qui conditionnent notre avenir ? Dans un esprit didactique informons sur les compétences à acquérir pour émettre des opinions dans le cadre de l’interconnexion géopolitique et locale selon une source sur le net : – Identifier et expliquer des phénomènes politiques. – Étudier des attitudes, des comportements et des idéologies. – Étudier la théorie, l’origine, l’évolution, l’interdépendance et le fonctionnement des institutions et des systèmes politiques.
Faire l’analyse des renseignements recueillis, en faire la synthèse et l’interprétation. – Faire part de ses constatations et conclusions aux partis politiques, aux organismes, aux médias, aux gouvernements fédéral et provincial, etc.-Rédiger des livres et des articles de journaux. C´est donc tout un programme d´étude en amont !
Éléments : -Administration publique et politiques publiques; Analyse des systèmes internationaux; Forces politiques; Géographie politique; Introduction à l’histoire des idées politiques; Politique et sociétés dans le monde; Principes des relations internationales.
Aussi est-il risqué de projeter, sans posséder des informations locales crédibles, les possibilités d´aboutissement de la relation bilatérale Taiwan-Haïti tandis que pour sa part, la presse internationale relate que la Chine continentale gagne du terrain, organisant a priori une expansion diplomatique fulgurante d´avec l’Europe actuellement. Après l’Afrique, l’Amérique latine et la Caraïbe, c’est au tour de l’Europe de collaborer avec la Chine.
Alors que, pour sa part, Taiwan s’amenuise en reconnaissance internationale et ne compte même pas sur Haïti, puisque le gouvernement haïtien, poussé par la faillite politico-économique en Haïti, virevolte suivant les tendances de la puissante machine politique américaine à la Donald Trump.
Nous l’avons constaté pour le cas du Venezuela, le revirement soudain de Jovenel Moïse devenu anti-Maduro subissant l´influence de Donald Trump. Et, pour ré- compense ne recevrait-il pas une promesse d’aide ultrarapide en provenance du Fonds monétaire internationale (FMI) ? Sa visite à Donald Trump à Key-Largo, en bande avec quatre autres chefs d´État de la zone des Caraïbes ne serait-elle pas également un geste superficiel de Trump à Moïse pour avoir si bien collaboré ?
Panorama de l´ouverture de la politique internationale chinoise et son impact
Durant le mois de mars, la Chine s’est ouverte à l’Europe. (La troisième économie mondiale). Le président chinois Xi Jinping a visité nombre de pays européens (dont 13 sont disposés à coopérer) afin de faire aboutir sa quête de première puissance au monde. Alors qu’à Bruxelles, l’Union européenne exprimait des réserves quant à la politique de suprématie à la Chine, tandis qu´antérieurement, les États-Unis de Donald Trump avaient déjà, depuis le mois de mars 2018, imposé leur décision par l’entremise de taxation à la hausse, limitant les transactions commerciales d’importation… C’est le Trade War avec cette nation qui, selon les opinions des autorités américaines, ferait grand tort aux intérêts de l’Amérique. Le rééquilibrage des transactions d´importation-exportation constituant la pierre d´achoppement de l´affaire. Les négociations sont en cours, cependant si elles ont l’air d’avancer, elles ne manqueront pas de renforcer le clivage entre deux puissances rivales.
Se refusant à renforcer la plupart des institutions internationales ou d´en poursuivre le financement.
Faut savoir que le projet chinois ouvre l’antique route de la soie, le mégaprojet des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative), qu’elle veut faire prospérer à son avantage. L´industrie chinoise nécessite des matières premières et la route de la soie lui en donnera l´accès. De même qu´exporter sa Production.
Il s´agit d´unir l’Est et l’Ouest à travers des voies telles que Chemins de fer, ports et tunnels qui facilitent l’accès de la Chine à l’Europe rapporte Ian Bremer du Time Magazine. Entretemps les États-Unis d’Amérique ont l’œil bien ouvert sur les activités d’expansion et d’investissement de la Chine en Europe recherchant particulièrement la coopération des pays du G7.
Pour mieux suivre: identifions le G7 ? Selon Wikipédia : Le sommet du G7 2019 aura lieu, du 25 au 27 août 2019, en France, à Biarritz (région Nouvelle-Aquitaine)1. Il réunit les participants permanents du sommet du G7 2018 les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon. Le FMI, l’ONU et l’OCDE sont également représentés. La Russie ne devrait pas être présente, en raison de son exclusion du G7 depuis la crise de Crimée de 2014, exclusion devenue définitive en 2017.
Si la Chine continentale pro- met des investissements accrus en Europe, comme elle l’a déjà fait en Afrique et en Amérique latine, par contre, les États-Unis de Trump se préparent à mener une offensive brutale contre la relation transatlantique (relation d’ailleurs déjà entamée par Trump). Ce qui sera fait une fois que les négociations avec la Chine aboutiront. Ceci porte évidemment à croire que l’Europe soit actuellement sur ses gardes par rapport aux États-Unis d´Amérique et à leurs intentions.
Par contre, de nombreux gouvernements populistes en Europe n’ont aucune réserve à s’adonner à une entente avec la Chine. L´Italie, par exemple, qui se veut indépendante des décisions de Bruxelles, non conformistes, en est une parfaite illustration. Quelle est l’offre de la Chine tandis que les États-Unis mènent une politique de renfermement sur elle-même tout en voulant imposer son hégémonie, sans vraie contrepartie ?
Dans son analyse sur la relation Chine-Amérique latine et la Caraïbe, Frédéric Thomas écrivait dans sa publication du 23 octobre 2018 : « Le 19 juin 2018, le président bolivien Evo Morales signait à Pékin un pacte qui faisait de son pays un ‘partenaire stratégique’» de la Chine. Il profitait de cette occasion pour mettre en avant la « coopération sans condition » avec le géant asiatique, et l’opposer à l’attitude des États-Unis …
« La Chine serait-elle, pour l’Amérique latine un antidote à la proximité si encombrante du voisin nord-américain, voire une alternative à la politique régionale de celui-ci ? » Additionnellement, « …si la Chine s’est consolidée en Amérique latine et dans la caraïbes, les avantages pour cette sphère consistent en financement : Les prêts chinois dépassent désormais ceux de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement (BID)….
« …De plus, la Chine représente le deuxième pourvoyeur d’investissements directs étrangers (IDE) sur le continent et, de manière générale, une source de financements très importante ».
De manière succincte, disons que la Chine s’intéresse essentiellement à acquérir, de ses partenaires, des matières premières lui faisant défaut : minéraux, pétrole et produits comestibles de l’agro-industrie. Sa machine industrielle en a besoin pour alimenter son industrie à production massive. Frédérique Thomas continue ainsi : « La nécessité de s’assurer un accès aux ressources naturelles pour garantir sa croissance exponentielle a poussé Pékin à mettre en œuvre une stratégie mondiale volontariste et ambitieuse ».
En même temps, la Chine – grande rivale des pays producteurs de biens de consommation- travaille également à maximiser ses exportations en produits manufacturés vers les pays partenaires. Mentionnons brièvement Léon projet d’expansion dans la sphère de la communication en téléphonie mobile par la firme chinoise à succès mondial Huwei provoque le mécontentement et des accusations sévères en vol de technologie ou de droits par Washington.
« Quasi absente en 2000, la Chine est devenue la troisième source des importations de la Barbade, d’Haïti et de la Jamaïque, et la deuxième de la République dominicaine ».
À noter, « l’absence de relations diplomatiques avec Taiwan n’est pas un prérequis ; la Chine était déjà la deuxième source des importations de la République dominicaine avant que celle-ci ne rompe, début mai 2018, avec Taipei », relate Frédéric Thomas. Afin de motiver l´occurrence d´une relation de partenariat, la chine assure à ses partenaires l’accès à des sources de financement dépourvues de conditionnalité à court terme et dépourvues de mesures d’austérité; à l´effacement de dettes en certains cas; à entreprendre des investissements massifs sur place et dans certains secteurs précis. Le tout selon une stratégie bien rodée depuis déjà des décennies à travers le monde.
Pékin arrive à maximiser ses exportations. Elle opère toujours dans le cadre du multilatéralisme et de la non-intervention. Elle n’a aucune exigence sur le type de régime politique local, mais évidemment favoriserait la stabilité ambiante lors d´ élire ses partenaires.
« …La Chine entretient des relations privilégiées avec Cuba et les pays latino-américains ayant effectué un virage post- néolibéral au tournant des années 2000….
« …Sa stratégie commerciale n’est pas pour autant tributaire des options politiques des gouvernements en place. En témoignent, entre autres, les échanges considérables avec le Mexique et la Colombie, ainsi que les accords de libre-échange signés avec le Chili, le Pérou et le Costa Rica ».
Quoique le régime chinois soit autoritaire, il semble incertain qu’elle s’engagerait dans un conflit armé avec les États-Unis d´Amérique. Elle ne SE positionne pas militairement ni n’intervient en politique américaine.
La Chine se veut rassurante, laissant comprendre qu’elle offre : «Un partenariat basé sur un esprit d’égalité et de bénéfice mutuel- et la prise en compte de la réalité d’un monde multipolaire ». Néanmoins, il faut comprendre que se placer dans la structure relationnelle chinoise aura également des inconvénients. Il s´agit d´une nouvelle dépendance dont l’impact pourrait être dévastateur du point de vue écologique, du point de vue de la production industrielle nationale, du point de vue de l’intégrité des marchés régionaux même si la Chine peut secourir d’un coup les pays en détresse, constituer un levier pour les gouvernements en faillite, elle promeut en fin de compte les plus grands consortiums d´intérêt plutôt que les petites entreprises étant donné ses prérogatives.
Un pays -pourvoyeur de ressources naturelles- devrait savoir comment profiter de la manne chinoise, établissant en parallèle un plan local de développement à son avantage. Ce sera aux partenaires de la Chine de savoir investir dans des entreprises et projets de développement qui correspondent à leur nécessité, sinon la dépendance à la Chine, en matières premières contre des biens de consommation, leur sera préjudiciable à long terme, écologiquement comme socioéconomiquement.
La Chine n’aide pas au développement local perse toute- fois elle procure tout au moins, les moyens financiers d’y parvenir.
Mirage ? La Chine semble mener son projet en toute indépendance et indépendamment des États-Unis. Elle ne compte pas nuire directement à l’économie américaine, mais à faire son chemin. Elle ne cherche pas à intervenir en politique intérieure américaine. Mais, on peut penser que tout cela n’est qu’apparence ou diplomatie à la chinoise.
Par contre, la conjoncture politique américaine telle que l’a voulu Donald Trump développe un principe historique en politique américaine, celui du renfermement au monde. Néanmoins gardant pour elle, tous les avantages que peut engranger une puissance mondiale : la première !
En même temps le président américain Donald Trump a pour objectif, déclaré et préférentiel : le « Make America great again », dans le cadre de l´America first, celui d’attaquer et de défendre, priorisant les intérêts américains dans un cadre uniquement bilatéral.
Les États-Unis d´Amérique développent une attitude belligérante où les menaces de sanctions, embargo, intervention des forces armées régulières ou paramilitaires sont constamment évoquées… À l’ère du populisme et de néo-libéralisme à la Donald Trump tout l’arsenal que détient la puissance américaine pèse de tout son poids écrasant sur les autres nations; somme toute, une attitude et des mesures bien souvent humiliantes et destructives envers les pays visés par elle.
Et donc les États-Unis gardent mainmise hégémonique sur la sphère géopolitique régionale, menaçant tout sentiment de nationalisme intrinsèque. Défaisant les accords interalliés pour chercher à reprendre l’avantage. C´est ainsi que la Chine s’arrange à gagner un espace qui la mènera loin ! M.M
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti Observateur, édition du 3 mars 2019 et se trouve en P. 9, 14 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2019/04/H-O-3-avril-2019.pdf