SEPT ANS ET DEMI DÉJÀ
- Laurent Lamothe et Patrice Baker contre Léo Joseph et H-O par Léo Joseph
Que les jours passent vite ! Voilà déjà sept ans et demi depuis que le premier ministre Laurent Salvador Lamothe et son associé Patrice Baker ont intenté un procès en diffamation contre Léo Joseph et Haïti-Observateur, au Tribunal fédéral du Southern District, à Miami, Florida. C’était en septembre 2012, M. Lamothe avait accès au fonds PetroCaribe pour financer un tel procès. C’est maintenant le choc en retour. Le gouvernement fédéral est à leurs trousses. La source de millions ayant tari, comme on sait, les deux vont devoir puiser dans leurs réserves (celles qui n’ont pas encore été l’objet de mesures conservatoires par les procureurs fédéraux), pour payer les lourdes factures de leurs avocats qui ont l’appétit glouton.
Dans le cadre de leur action intentée, un an et demi après la prestation de serment de Michel Martelly, les avocats de Lamothe et de Baker avaient opté pour sélectionner une partie de la série d’articles qui faisaient état d’actes de corruption que ces derniers avaient perpétrés dans les pays africains, par le biais de leur entreprise la Global Voice Group (GVG), ainsi que les démarches que Lamothe menait pour vendre la compagnie de télécommunications de Franck Ciné, la Haitel.
Dans leur procès, les deux tennismen laissèrent tomber les faits qui concernaient leurs activités en Afrique et décidèrent d’axer leur procès uniquement sur l’article qui concerne la vente de la Haitel. Alors que Patrice Baker était concerné uniquement dans la série relative aux États africains.
À l’époque, la Global Voice commençait à étendre ses tentacules en Afrique, MM. Lamothe et Baker s’ingéniant à offrir des millions de dollars de pots-de-vin à des chefs d’État, ainsi qu’à des ministres ou responsables des télécommunications en retour de contrats juteux portant sur dix ans ou plus. À l’époque aussi, des pays comme le Sénégal, le Ghana et le Rwanda avaient donné dans le panneau par rapport aux propositions de la Global Voice, dont les propriétaires ramassaient les millions à la pelle.
La stratégie de ces hommes consistait à mettre hors concours des compétiteurs établis sur le terrain muni de contrats légalement acquis grâce à des millions offerts aux dirigeants. Durant les années 2005 à 2010, ils étaient impliqués jusqu’au cou dans cette stratégie de corruption. Ils avaient attiré sur eux la colère de fonctionnaires intègres qui voulaient servir fidèlement leurs pays et qui dénonçaient avec véhémence les pratiques malhonnêtes de ces deux hommes.
De toute évidence, les dénonciations de ces pratiques gênaient Lamothe et Baker, qui avaient jugé plus avantageux pour eux de porter plainte pour cette affaire de vente de la Haitel. Car un acheteur potentiel, Michael Charles, qui avait mis, M. Ciné au courant des pressions dont il était l’objet de la part de l’équipe Lamothe pour qu’il achète la compagnie de Franck Ciné, avait décidé ce qu’il avait dit.
La stratégie des avocats de Lamothe/Baker visait à discréditer les révélations d’H-O en créant le doute sur la véracité des faits rapportés. De ce fait, Michael Charles a totalement nié avoir dit à Ciné qu’on le pressait d’acheter la Haitel.
Par ailleurs, les avocats de l’accusation voulaient dénoncer un motif de Léo Joseph pour exposer les faits concernant la vente. Aussi ont-ils trouvé un Judas en la personne de Jéhan Colimon. Dans sa déposition, ce dernier déclarait que Franck Ciné savait verser de l’argent au directeur d’Haïti-Observateur. Alors que, en tant qu’avocat résident de la Haitel, Colimon révisait les contrats de publicité que M. Ciné donnait à Haïti-Observateur. Déconcerté par cette attitude de Colimon, Léo Joseph devait comprendre, par la suite, ce qui motivait Colimon quand, plus tard, dans le cadre des démêlés de Franck Ciné avec René Préval, l’avocat interne de la Haitel s’était porté témoin à charge contre le patron de la Haitel. Pourtant, Franck Ciné a révélé que, appelé sur le lit de mort de Me Dantès Colimon, le père de Jéhan, le mourant lui avait demandé de « garder mon fils sous tes ailes ».
Le vent a tourné
On dit souvent que la roue de la justice tourne lentement. Mais en ce qui concerne Lamothe et Baker, on peut dire que le vent a tourné. Car présentement, dans le collimateur de la justice fédérale, ils sont de tous les côtés aux malheurs exposés.
En effet, non seulement ils ont leurs propres démêlés avec les autorités fédérales, Laurent Lamothe, en particulier, est l’objet de dangereuses dénonciations de la part de trafiquants de drogue présentement aux prises avec la justice américaine. Des sources autorisées ont indiqué que ces personnes seraient prochainement inculpées. Et on ne sait vraiment pas quelles dénonciations elles sont capables de mettre au compte de l’ex-premier ministre.
Ces genres d’accusations risquent de compliquer le cas de M. Lamothe, surtout quand d’autres occasions ont été signalées contre lui faisant croire qu’un avion qu’il avait pris en location faisait des livraisons de substances illicites aux îles françaises.
De toute évidence, le vent a tourné. Privé de l’immunité que procure le pouvoir, il est possible que Laurent Lamothe soit frappé de plein fouet par la sévérité de la justice fédérale.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 6 mars 2019 et se trouve en P. 1, 3 à : http://haiti-observateur.ca/uploads/2019/03/H-O-6-mars-2019.pdf