LE RACISME par Frantz Célectin B
Il est indéniable que depuis la nuit des temps, le racisme a toujours existé. Il se définit généralement comme une idéologie basée simplement sur une croyance selon laquelle l’espèce humaine, en sa totalité, se compose de quatre grandes catégories communément appelées «races». De là : la race blanche, la race jaune, la race rouge et la race noire. Cette idéologie désignée sous le terme de «racisme» établit une hiérarchie entre ces différentes catégories raciales de telle sorte que certains individus sont vus comme supérieurs par rapport à d’autres en regard de la race à laquelle ils appartiennent ou encore plus souvent à cause de la couleur de leur peau.
Le Petit Larousse définit le racisme comme «une attitude d’hostilité répétée voire systématique à l’égard d’une catégorie de personnes». Cette «attitude d’hostilité» s’appelle «la xénophobie» qui consiste pour quelqu’un à avoir peur de l’inconnu, de tout individu étranger à son propre groupe. La xénophobie se manifeste de différentes manières qui peuvent être soit sous forme d’injures, soit sous forme de discrimination ou de ségrégation ou encore, en utilisant certaines expressions à caractère tendancieux propres à insulter ou humilier ceux qui appartiennent à des populations ou des communautés communément vues comme «minoritaires». Ce type de «racisme» qu’est la «xénophobie» peut conduire jusqu’au génocide qui consiste à éliminer de façon préméditée un groupe «national, ethnique ou religieux».
Le racisme systémique
Le «racisme systémique» est une autre forme de racisme dont certains gouvernants hésitent parfois à admettre l’existence. Vu son caractère sournois, il est difficile à identifier de façon claire et nette. Cependant, il est bien présent dans les organismes publics et privés. Selon La Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ), consiste en «la somme d’effets d’exclusion disproportionnés qui résultent de l’effet conjugué d’attitudes empreintes de préjugés caractéristiques des membres de groupes visés par l’interdiction de la discrimination. » (p. 6)
Le «racisme systémique» génère partout et de manière flagrante, chez les Noirs et les autochtones énormément d’inégalités et beaucoup d’injustice, notamment en ce qui concerne le domaine de l’éducation, de la parité salariale ou de l’embauche même quand ils possèdent les qualifications requises. Selon qu’ils habitent une ville dans laquelle ils se trouvent en situation minoritaire, uniquement à cause de leur origine ethnique, il leur est difficile de se faire admettre comme locataires au près des propriétaires d’appartements à louer. Dans les quartiers dits «blancs», ils sont difficilement acceptés par les voisins. Même quand ils n’ont pas un casier judiciaire, ils sont sans cesse épiés et constamment victimes de profilage racial de la part des officiers de police qui, pour la moindre peccadille, utilisent contre eux la force excessive, les matraquent et parfois, les tuent sans raison valable.
Depuis peu, pressés par des manifestations venant de toutes parts, les gouvernements promettent de prendre des dispositions pour freiner tant d’abus et tant d’injustices. Parallèlement, les personnes «racisées» réclament des mesures concrètes pour faire respecter les droits et liberté de tous, sans exception. Entretemps, les sceptiques demeurent perplexes quand ils prennent conscience que c’était pour protéger les membres de la race indienne que, sous l’insistance du prélat espagnol Bartolomé de Las Casas, l’empereur Charles-Quint ordonna d’entreprendre dans les colonies, ce qui s’appelait «la traite des Nègres» reconnue comme, de tous les temps, la forme la plus cruelle d’esclavage.
Ainsi en 1503, les premiers continents d’esclaves noirs d’Afrique débarquèrent en Amérique, à travers le système qui s’appelait «la traite des Nègres». Ce système aussi appelé la «traite transatlantique» à cause de la misérable traversée de l’océan dans les «négriers» demeure la plus cruelle forme d’esclavage qui n’ait jamais existé. Tout compte fait, plus de cinq siècles nous séparent du début de cette injustice criante mais nous, les «racisés» nous sommes encore en train de lutter. Pourquoi cette lutte ? Est-ce simplement pour obtenir une amélioration de notre situation dans le contexte du «racisme» ou pour parvenir à faire disparaître ce spectre de problèmes de race auquel, tous les jours, nous sommes confrontés ?
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 29 juillet 2020, VOL. L, No.29 – New York, et se trouve en P. 3 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/07/h-o-29-juillet-2020-1.pdf