COMMÉMORATION DU TREMBLEMENT DE TERRE DU 12 JANVIER 2010
- Les protestataires anti-gouvernementaux ont gagné la bataille médiatique
Le 12 janvier a marqué l’anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010, la plus grande calamité naturelle qui ait jamais frappé Haïti. Ce triste événement, remémoré en Haïti et à l’étranger, a été dédiée en mémoire du sou- venir des plus de 200 000 personnes qui ont péri, des milliers de blessées, en sus des millions de sans-abris, d’orphelins, de veuves et de veufs occasionnés par ces défunts en masse. Mais dans ce contexte d’opposition au régime Tèt Kale et de démobilisation de la population pour exiger la démission immédiate et sans condition de Jovenel Moïse, ce sont les opposants au régime en place qui ont gagné la bataille médiatique. À la principale activité offerte, dimanche, Moïse avait invité les membres du gouvernement, les autorités policières, ses amis ainsi que le Corps diplomatique au site du mausolée érigé aux victimes du tremblement de terre, à morne Saint Christophe (Titanyen), au nord de la capitale, au dépôt d’une offrande florale et un moment de recueillement en leur mémoire.
Pendant que se déroulait cette cérémonie, une trentaine de manifestants tentaient de s’y introduire sans invitation. Les forces de l’ordre ont dû déployer toutes leurs adresses pour les tenir à distance. Vociférant avec colère leur indignation de la tenue de cette cérémonie, ces opposants lançaient des cris déclarant Jovenel Moïse indigne à fouler le «sol sacré» où les victimes du tremblement de terre du 12 janvier ont été inhumées dans une fosse commune. Ils ont aussi pris en partie le président décrié pour avoir oublié souverainement les personnes mortes à cette occasion, au cours des dix dernières années, notamment en abandonnant les survivantes sinistrées à eux-mêmes. Mais, plus important encore, en volant les fonds destinés à la reconstruction du pays.
Une fois M. Moïse et sa suite partis de morne Saint Christophe, les protestataires ont envahi les lieux et ramassé les fleurs qui venaient d’être déposées pour les jeter au loin, avant de les remplacer par celles qu’ils ont apportées.
Cette mobilisation lancée contre cette cérémonie organisée, dans le cadre de la célébration du dixième anniversaire du tremblement de terre du 12 janvier 2010, n’a pas épargné les diplomates étrangers qui étaient présents. Ces derniers ont été aussi conspués par les protestataires ayant dénoncé l’indifférence quasi- totale de la communauté internationale à l’égard de ceux qui ont conspiré pour dilapider les plus de USD 4 milliards de $ qui avaient été offerts comme don par les États du monde pour la reconstruction d’Haïti, sous la supervision de l’organisme international.
Dans les milieux politiques haïtiens on ne cesse de jeter la pierre à l’ONU pour avoir fait choix de l’ex-président démocrate américain Bill Clinton comme président adjoint de la Commission intérimaire de reconstruction d’Haïti (CIRH) avec Max Bellerive, ex-Premier ministre de René Préval. Il semble que cette structure, qui avait été chargée par le secrétaire général de l’ONU du contrôle des débours à effectuer aux compagnies engagées pour réaliser les travaux, n’ait pas fait preuve de la rigidité qu’on était en droit d’espérer de leur part. Des observateurs, qui sont intervenus sur la question, ont révélé qu’à part une poussière du fonds de construction qui a été dépensée en Haïti, la part du lion a pris la route de l’étranger. Au fait, des experts pensent que les constructions qui ont été réalisées, durant les dix dernières années, ne représentent même pas 30 % de la somme qui a été mise de côté pour reconstruire le pays. Pourtant, le secrétaire général de l’ONU, qui avait engagé le tandem Clinton-Bellerive, en théorie son patron, n’a pas su, au temps qu’on sache, prendre des dispositions pour demander des comptes.
Soulignons que, de l’avis de plusieurs experts financiers et économistes, du tremblement de terre à cette date, les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir, en Haïti ont détournés au moins USD 11 milliards $. Généralement, on parle souvent de USD 4,2 milliards volés du fonds PetroCaribe. On fait rare- ment allusion aux USD 4,4 milliards $ détournés du fonds de reconstruction. Des observateurs avisés pensent qu’à ces deux sommes d’argent, il faut ajouter au moins USD 3 milliards $ qui ont été octroyés comme dons à Haïti par des pays généreux, mais qui n’ont pas été investis véritablement dans la reconstruction du pays ou qui n’ont pas servi à améliorer les conditions de vie de la population.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 15 janvier 2020 VOL. L, No. 2 New York, et se trouve en P. 1, 13 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/01/H-O-15-janvier-2020-1.pdf