SUR LA ROUTE DU CINÉMA par Dan Albertini
- Prédicat : Homélie et lendemain 18 Octobre 2018 en Haïti
Je m’insurge contre toute autre forme d’auditoire en ce lendemain 18 octobre 2018 que celui du cinéma. Jamais le terroir n’a été aussi fertile pour une scène haïtienne tandis que personne ne surprend le moment présent tant l’histoire veut forcer, soit le retour de l’ère des prophètes et des faux prophètes annoncée par un livre plus qu’adulé que le Dieu contenu qu’il y projette, soit par l’empereur assassiné au Pont-Rouge que tout le monde se réclame dans le sang et du sang. Les principautés doivent en vouloir à une république en dilettante, je ne parle du prince tiécoura Dessalines dans ses rêves d’exclusions. Hélas, il s’associe ici, là à la France pour en vouloir au Toussaint d’un prédicat de premier des Noirs. Entre-temps, plus qu’une meringue populaire vaporisant, le 17 octobre écrase le lendemain 18 octobre comme si l’apocalypse est l’épilogue du récit de cette république où le prophète aux punaises guérissant, Makenson D en l’occurrence draine plus de finances que le trésor public, en influence je précise. Judas où est ta trahison, mort où est ton aiguillon, non je veux dire république où est ton roi, caméra OFF.
Si la faillite d’un jour se rapporte à l’autre jour d’après le prophète Clarens, oui puisqu’il le dit, la république est entravée jusqu’à la fin dans ce film. En effet, Avril doit se réjouir plus qu’Aristide, car le généralissime en épilogue existe mieux aujourd’hui que l’homélie du prêtre diocésain, dans son propre camp. Pourquoi, dans ce film où l’armée est apolitique, Écclésias était d’un autre monde. Prophétie je précise. Aristide dans tous les scénarios est le riche mari violent aigri, etc., sauf pauvre prêtre pacifiste eunuque. Hollywood serait riche en écoles de la scène et en esthétiques, mais, rien ne roule en république, même pas Durocher.
L’écran nous transporte ainsi au lendemain où de toutes les prophéties, peu seront vérités dans ce pays. L’ambassade est à l’image des années Nicaragua-Chili-Salvador. On emprisonne, on manipule manigance menace. Les propos déclarés du pasteur fou d’Ankara sont au pays des missiles. Dieu livre ainsi à l’oncle des pouvoirs mystiques par cette voie, c’est là son homélie inversée. En Haïti on roule néanmoins au rythme accéléré du tambour transporté par le spectre digital, le temps en anglais est devenu trop lourd d’un fanatisme. Il faut alors s’attendre à ce que paradis et enfer soient quoiqu’opposés, sur le même axe. Le film GI Jo en est la preuve.
L’homélie est de toutes les natures et de toutes les tribunes in vivo. Makenson est prophète à Port-au-Prince, mais valse au rythme de Jean Dantor des Gonaïves : homélie distordue. Luco Désir est animateur de radio et plane sur la fréquence de 1% de rêve présidentiel : homélie éculée. Renois est le candidat dégarni, il se rapporte au discours du reporteur, dénonce un rêveur chrétien : homélie flatteuse. Muscadin est pasteur, mais livre une guerre d’agrégé à Dorilas : homélie pharisienne. J Céant est premier ministre, mais ne jure que par le comptoir du notaire actif : homélie d’affairiste. Edmond est diplomate régalien, mais vote contre une cause haïtienne : homélie de Judas. Pasteur Caporal est du partage chrétien, mais récupère une cause en égoïste : homélie adventiste. J Campion est le prêtre voyageur, mais perd sa tribune en Makenson : homélie en latin. Jòv est président, mais soutient son ami prisonnier Guy Philippe : homélie criminelle. Baden est gouverneur, mais gère la gourde en comptoir de détail : homélie d’boutiquier. Martelly est un ex, mais Jo-le-chien le défend comme étant sur le siège : homélie canidée. Chaque chapelet à sa croix et sa bannière, mauvaise ou bonne, le lendemain 18 octobre, le film éclaire tous les prophètes en herbe. Demain est une illusion.
Auriez-vous vu un tel film, que ce soit dans les cordes d’une autre école ou de celles d’Haollywood, vous seriez pour moi prophète aussi si vous prévoyiez la suite logique. C’est là aussi le travail de l’immortel plus qu’une simple question d’émotion sur grand écran.
Merci d’y croire !
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti Observateur, édition du 17 octobre 2018 et se trouve à la P.7, à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2018/10/H-O-17-Oct-2018-2.pdf