Protagoniste de la Mission dominicaine en Haïti
- DÉPARTEMENT DE LA COOPÊRATION BILATÉRALE, par Rafael A. De La Cruz R. *
À la suite de mes 5 ans d’expérience diplomatique, à l’ambassade dominicaine, en République d’Haïti, et après avoir vécu l’un des moments les plus difficiles et les plus dangereux de l’histoire moderne de ce pays, lors du deuxième mandat du président Aristide, la crise politique, a fait l’objet du processus de négociation entre les parties dans lesquelles la communauté internationale est intervenue (OEA, ONU).
La Caricom, l’Union européenne (France), USA et République dominicaine) ont formé une commission permanente ayant effectué quelque 23 missions de négociation.
Lesdites négociations entre les parties (le Groupe la Convergence des 184 organisations économiques et sociales, partis politiques et particuliers), d’une part, et Aristide avec son parti Lavalas, d’autre part, œuvrant pour trouver une solution pacifique à la crise haïtienne, ont toutes échoué, en raison de l’obstination des deux parties accrochées à leurs positions radicales, au lieu de trouver un terrain d’entente et de faire des concessions par rapport à leurs propositions respectives.
Après plusieurs mois de négociations et 23 réunions infructueuses, cette crise a entraîné le départ forcé du pouvoir du président Aristide, le 29 février 2004 et son exil ultérieurement en Afrique suivi de l’installation d’un gouvernement intérimaire qui a approuvé le déploiement de la Mission des Nations Unies (MINUSTAH).
Une expérience à laquelle j’ai participé activement, assistant à des réunions avec le président Aristide, au Palais national d’Haïti, à la résidence de ce dernier, au bureau du Premier ministre, à l’époque, et à des réunions de l’OEA avec l’envoyé spécial LUIGI ENAUDI.
Sur la base de ces expériences, j’ai fini par conclure que l’ambassade dominicaine doit jouer un rôle PROTAGONIQUE en contribuant à la solution des problèmes persistants qui existent en République d’Haïti, puisque ces crises influencent également la vie sociale, politique, économique et sanitaire en République dominicaine, qui partage avec ce pays les 376 kilomètres de frontière commune.
En raison de ces raisons stratégiques et géopolitiques, le gouvernement dominicain devrait accorder priorité à cette ambassade par la création de la « MISSION DIPLOMATIQUE LA PLUS IMPORTANTE » de la République dominicaine à l’étranger, avec l’augmentation des effectifs du personnel dans différents domaines professionnels, afin de former un « DÉPARTEMENT DE COOPÉRATION BILATÉRALE ». Ce « DÉPARTEMENT DE COOPÉRATION BILATÉRALE » comblerait un vide, aboutissant à une relation de bon voisinage et de coopération entre deux pays qui partagent une frontière commune.
La coopération bilatérale existe déjà, pour la première fois, de manière embryonnaire avec le bureau de coopération agricole, que l’ambassade dominicaine avait en Haïti, de 2001 à 2004, dirigé par l’ingénieur agricole, Carlos Guillen, qui avait réalisé une œuvre à succès de coopération et de formation agricole, notamment de volaille et agro-industriel, qui a été réalisée avec l’objectif de s’étendre.
L’ambassade dominicaine a une superficie de 4 500 mètres carrés de terrain, où un complexe de bâtiments pourrait être construit, en vue de l’installation en un seul bloc des bureaux de « LA COOPERACIÓN BILATERAL », ceux du « CONSULAT DOMINICAIN EN HAÏTI », une salle de conférence et de réunions, un immeuble préposé au logement des fonctionnaires de l’ambassade dominicaine en Haïti, des parkings, ainsi que des espaces verts.
Cet espace, qui appartient à l’État dominicain, reste un terrain vague depuis de nombreuses années et la construction de ces locaux sur ledit terrain empêcherait les nombreuses tentatives d’invasion par des citoyens haïtiens tout en résolvant les problèmes liés à la sécurité du personnel de la mission. À l’ambassade de la République dominicaine, la sécurité d’une zone non protégée constitue le point le plus vulnérable du plan de sécurité des installations de la mission dominicaine en Haïti, située rue NERETTE, à Pétion-Ville.
À suivre (justifications, arguments et recommandations dans un autre article).
Argumentations géopolitiques et physiques de l’espace
L’ambassade dominicaine a des installations physiquement obsolètes. Mais nous avons le potentiel de devenir l’une des missions diplomatiques les plus remarquables en Haïti, puisque nous avons une superficie totale de plus de 10 000 mètres carrés pouvant accueillir plus de 3 000 invités, avec des zones forestières, des parkings, des espaces de loisirs, des installations modernes où un complexe de logements et de bureaux peut être construit pour abriter les personnes qui dépendent de la Mission diplomatique dominicaine. Ce facteur augmenterait l’aspect sécuritaire, car toute la protection du personnel de l’ambassade et du consulat serait concentrée dans un seul espace.
Bien que le Bureau de l’attaché militaire, en Haïti, soit l’un des plus importants pour la mise en œuvre de la stratégie géopolitique de la République dominicaine, il ne dispose pas d’une installation physique adéquate assurant un fonctionnement efficace, continu et indépendant, facteurs qui favorisent la continuité et la fluidité dans les informations que ce bureau fournit aux instances décisionnelles supérieures. En effet, nous devons partager l’espace limité de l’ambassade avec ses fonctionnaires et leurs activités.
Ce bureau permettrait de mieux couvrir les travaux d’analyse et d’information de cette unité, permettant ainsi de disposer d’un mini-état-major, composé de membres de différentes entités de renseignement et de police, sous un même commandement militaire, tout comme d’autres ambassades établies en Haïti.
Dans les bâtiments envisagés pour l’ambassade, des appartements seraient construits pour les fonctionnaires de cette mission, 2 suites présidentielles seraient également préparées pour les visites de VIP. De cette façon, nous aurions la possibilité d’avoir une diplomatie plus dynamique.
Haïti est devenu l’un des centres de la haute diplomatie internationale, ces dernières années. Ce pays compte également une diaspora de plus de 2 millions d’habitants, principalement concentrée aux États-Unis, en République dominicaine, au Canada, en France et dans d’autres États de la Caraïbe.
Les pays les plus importants d’Amérique du Sud sont aujourd’hui impliqués et engagés dans le développement d’Haïti. Ce pays se réintégrera dans la vie des institutions de la région des Caraïbes, telles que la CARICOM, le CARIFORUM et d’autres organismes régionaux.
Dans le domaine de la diplomatie internationale, le Venezuela et Cuba ont l’intention d’exercer des niveaux d’influence géopolitique en Haïti, avec des traités et accords dans les domaines de l’éducation, l’énergie (accord de San José), la santé, des sports etc.
L’Union européenne attache une grande importance à Haïti, car la France, l’un des principaux pays qui la composent, a des liens culturels forts avec Haïti, puisqu’elle contribue à son épanouissement culturel et à l’évolution de sa langue d’une permanence permanente en Amérique, en tant que pays indépendant de ce continent. Haïti est également un membre important de l’Organisation mondiale de la francophonie, qui réunit tous les pays francophones.
Argumentations du point de vue économique
Haïti est un pays où l’économie de marché libre mercantile et capitaliste est en pleine expansion, puisqu’il s’agit essentiellement d’un importateur et d’un consommateur de produits du monde entier.
Ce pays compte une population de consommateurs de plus de 8 millions d’habitants, avec une dynamique économique en termes relatifs et absolus. En Haïti, des investissements évalués à des millions seront réalisés dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de l’assainissement de l’environnement, de la santé, de l’éducation et autres, ce qui fait de ce pays un attrait particulier pour aux nouvelles ressources fraîches et en devises étrangères, également du fait qu’il possède une main d’œuvre hautement compétitive.
À mesure que le climat sécuritaire et son système démocratique s’amélioreront, la demande de biens de consommation, de technologie et de services sera doublée ou même triplée. La République dominicaine sera le pays le plus disponible à répondre à ces demandes, à plus de 50 %, une somme équivalente à plus de 2 milliards de dollars l’an.
Dans ce contexte, les ambassades des États-Unis et du Canada se font concurrence aujourd’hui dans l’exercice d’une influence de plus en plus importante en Haïti, dans les domaines suivants : politique, économique et éducatif. À ces fins, ils ont modernisé leurs installations afin de mener une politique plus dynamique dans tous les domaines. Par exemple, l’ambassade du Canada a construit un complexe au coût de 27 millions de dollars, tandis que les États-Unis d’Amérique y ont implanté une des plus grandes et des plus modernes ambassades dans la région des Caraïbes, sur un espace de plus de 60 mille mètres carrés, sur la route de Tabarre, en direction de la République dominicaine.
Un autre facteur intéressant est celui des envois de fonds expédiés par les Haïtiens de la diaspora, qui augmenteront à mesure que la sécurité sera plus favorable permettant d’attirer des investissements importants de capitaux étrangers et de la diaspora. Concrètement, nous parlerions de plus de 3 milliards millions de dollars d’investissements et d’envois de fonds.
Présentement, l’ambassade dominicaine a besoin d’un plus grand nombre de militaires spécialisés dans les domaines de la tactique, du renseignement, de la migration, de la drogue et de la police, afin d’assurer une meilleure sécurité et de contribuer à l’’œuvre de prévention et de lutte contre la traite humaine, le trafic de drogues et d’armes, dans l’objectif de contrecarrer toute menace à la sécurité de la République dominicaine ainsi qu’au personnel, et aux installations de la mission dominicaine en Haïti.
Selon les critères des autres ambassades accréditées en Haïti, elles parlent de plus en plus du rôle de premier plan, par rapport au cas haïtien, que la République dominicaine devrait jouer, et la République dominicaine devrait se faire reconnaître et apprécier réellement en tant que pays à ressources diversifiées. La grave crise qui sévit en Haïti et la menace qui plane sur la République dominicaine, comme la personne fait une comparaison des grandes différences entre les deux pays qui partagent la même île ne doivent pas nous laisser indifférents.
Cette proposition pourrait s’inscrire dans un plan de reconstruction et de modernisation de toutes les installations de l’ambassade dominicaine située à Pétion-Ville, en République d’Haïti.
Une façon de construire rapidement ces installations, notamment les bâtiments préposés au logement du personnel de la mission pourrait susciter une coopération avec des capitaux publics-privés dans laquelle l’entreprise de construction dominicaine pourrait concevoir un projet de location des appartements qu’elle construit dans ledit endroit projeté sur un nombre d’années convenu, les bureaux, les salles de conférence et de réunion pourraient être vendus à l’État dominicain.
Annexes:
- Plans de construction locaux de bureaux de « LA COOPERACIÓN BILATERAL », les bureaux du « CONSULAT DOMINICAIN EN HAÏTI ».
- Copie avec les caractéristiques du complexe de bureaux de la mission diplomatique, du complexe d’habitation et du bâtiment;
- Copie des plans de construction de bureaux et d’appartements à l’intention des fonctionnaires de l’ambassade dominicaine en Haïti.
- * Rafael A. De La Cruz R.
- Général de brigade (r), FARD.
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haiti-Observateur, édition du 30 septembre 2020, VOL. L No. 38 et se trouve en P. 5, 8 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/10/H-O-30-September-2020-1.pdf