DR GLODYS SAINT-PHARD EST DÉCÉDÉ EN GEORGIA

MEMBRE FONDATEUR D’HAÏTI-OBSERVATEURDr Glodys Saint-Phard est décédé en Georgia

Un membre de la famille d’Haiti-Observateur vient de partir pour l’au-delà. Cela fait la deuxième fois en un peu plus d’un mois que l’hebdomadaire de Brooklyn, New York est ainsi éprouvé, après la mort, le 27 septembre dernier, de la belle-sœur du directeur, Mme Nicole Saint Macary-Desmangles. Le Dr Glodys Saint-Phard est décédé le 31 octobre 2016, suite à une longue maladie chrétiennement endurée. Il était âgé de 79 ans.

À cette pénible occasion, la Rédaction, dont le défunt faisait partie, et le personnel s’inclinent devant sa dépouille mortelle et présente ses condoléances et sympathies aux parents et amis endeuillés, particulièrement à ses enfants, Samuel Saint-Phard et famille, Debborah Saint-Phard et famille, M. et Mme McCarver (Mme née Anne-Lise Saint-Phard) et famille. Aussi bien à ses frères et sœurs : Dr Jose Saint-Phard (Mme née Chantale Mirambeau, M. et Mme Budry Daniel (Mme née Prisce Saint-Phard et Paul Mackly Saint-Phard. De même à ses neveux et nièces : Jose Anthony Saint-Phard jr, Vladimir Saint-Phard et Mme née Rachelle Tororian, Dimitry Arlan Saint-Phard, Tatiana Saint-Phard Bacchus et famille, Stanley Saint-Phard, Igor Saint-Phard et famille, Perry Daniel, Alain Daniel et famille, Paul Mackly Saint-Phard jr, Melissa Saint-Phard et Marsha Saint-Phard.

Nous renouvelons nos sympathies aux familles Saint-Phard, Daniel, Fougy, Williams, Pierre-Louis, Derenoncourt, Lumarque, Chanlatte, Mirambeau, McCarver, Tororian, Desrosiers, Desgraves, Laforest. Le Dr Saint-Phard a fait ses études médicales de base à l’Université d’État d’Haïti (ci-devant Faculté de médecine, d’art dentaire et de pharmacie) avant de commencer d’approfondir ses connaissances médicales en psychiatrie. Mais il ne tardait pas à fuir Haïti avec sa famille, suite à la grève des étudiants, au début du régime de François Duvalier. En effet, recherché pour son implication dans la rébellion estudiantine contre Papa Doc, Glodys Saint-Phard, accompagné d’un groupe de ses condisciples, trouvât refuge en la résidence du co-fondateur d’Haiti-Observateur également futur ambassadeur d’Haïti à Washington. Il y passa toute cette période incendiaire du régime, mais les tontons macoute avaient les yeux en permanence sur lui.

Quant à Ray Alcide Joseph, qui l’avait hébergé, il dut quitter le pays en catastrophe pour échapper aux tontons macoutes. En effet, un ami du futur ambassadeur, haut fonctionnaire de l’administration de Papa Doc, vint avertir M. Joseph qu’il était temps d’aller continuer ses études à l’étranger, tel qu’il lui avait dit auparavant. Et l’ami d’insister qu’il fallait le faire « immédiatement », car des personnages puissants du pouvoir ne l’aimaient pas. Le service d’intelligence de Duvalier, que dirigeait cet ami de Ray Joseph, lui avertit que l’institution qu’il dirigeait a été avertie qu’il avait hébergé des rebelles de la Faculté de médecine.

Sur ces entre-faits, le pasteur Guillaume Ford, alors directeur intérimaire du Service d’immigration, également bon ami de la famille Joseph, s’est dépêché de contourner l’obligation faite à tous ceux qui quittait le pays d’avoir leurs passeports visés par Duvalier en personne. À l’époque, cela s’appelait « faire descendre son passeport ».

Dans les 24 heures, Ray Joseph, sa femme et leur deux premiers nés se trouvaient à bord d’un vol de la ligne aérienne défunte Pan American Airways,

en route pour San Juan, Porto-Rico, pour, disait-il à tout le monde, assister à une conférence.

Il devait quitter son pays et attendait 25 ans avant d’y remettre les pieds, à la chute de la dynastie des Duvalier. Le grand secret qui dormait en Glodys Saint-Phard

Le Dr Saint-Phard ne devait pas tarder à suivre son ami Ray Joseph pour échapper, à son tour, aux tontons macoutes qui le suivaient partout. Médecin qu’il était, il lui fallait un permis spécial pour voyager à l’étranger. Il trouva moyen de tromper la vigilance des agents du régime pour partir avec sa famille, aux fins, déclarait-il, d’assister à une conférence à l’étranger.

Débarqué aux États-Unis, il s’enrôla à Meninger Clinic/ Meninger Foundation, à Topeka, Cansas, avec sa femme, qui faisait également une spécialité en psychiatrie. Leurs études terminées, ils retournèrent avec leurs enfants pour se fixer à New York. Ils ont pratiqué dans plusieurs hôpitaux du Big Apple avant de déménager pour se fixer à d’autres États comme le Mary land, la Louisiane, puis de retour à New York (Rockland County), avant de mettre le cap définitivement sur Alabama et Georgia.

Pendant tout son séjour à l’étranger, Glodys Saint-Phard cachait un gros secret. Car personne ne savait que c’était lui le personnage qui s’identifiait aux auditeurs de Radio Vonvon comme « Fre Lepoul ». Ceux qui ont vécu à cette époque, particulièrement qui ont évolué dans l’orbite du régime des Duvalier, ne doivent pas ignorer combien de nuits sans sommeil le dictateur passait, en raison des agaceries et des provocations dont il était l’objet de la part de ce personnage folklorique.

Le grand mérite de Frè Lepoul est d’avoir démystifié le pouvoir de François Duvalier sur le peuple haïtien. Ces interventions à Radio Vonvon ont permis aux auditeurs, à travers lui, de ridiculiser le tyran. Aussi prenaient-ils un malin plaisir à savourer les boutades et les quolibets que Lepoul adressait à Papa Doc. Savamment orchestrées, les goguenardises dont le dictateur était mitraillé faisaient les délices des auditeurs, donnant un complexe d’infériorité à François Duvalier en présence de ses partisans qui voyaient en lui un être exceptionnel. C’était le cas de dire, même pour les duvaliéristes, grâce à Frè Lepoul, le mythe Duvalier était tombé.

Homme d’esprit, plein d’entregent, qui possède une plume savante, Glodys Saint-Phard était l’homme de tout le monde. Ami sincère, on pouvait compter sur lui quelle que soit la circonstance.

Durant les premiers jours d’Haiti-Observateur, au cours des années 70, il prenait le temps de son horaire de travail très chargé pour animer un horaire hebdomadaire, en plus de contribuer souvent à la rédaction de l’éditorial.

D’une foi chrétienne inébranlable, il n’a pas peur de la mort, sachant que son Seigneur l’attend les bras ouverts pour l’accueillir dans le Royaume de son Père.

Le Dr Saint-Phard laisse un grand vide au sein du personnel d’H-O. Mais c’est surtout sa famille qui le manquera.

L.J.


Publication sous la rubrique NÉCROLOGIE. 9 nov 2016 – Vol. XXXXVI/No. 41, New York. P.1,3