GUY PHILIPPE EN BUTTE À DE NOUVELLES CHARGES ?

LES DÉMARCHES MENÉES EN HAÏTI NE PEUVENT INFLUENCER LE DOSSIER DU SÉNATEUR ÉLU

Guy Philippe en butte à de nouvelles charges ?

par Léo Joseph

Les démarches entreprises par les partisans du sénateur élu de la Grand’Anse incarcéré dans une prison fédérale, à Miami, en attendant son procès, ne peuvent influencer le dossier, ni même susciter l’espoir qu’une quelconque résolution parlementaire puisse aider à mettre fin à son emprisonnement. Au contraire, le cas se complique davantage, vu que dans le cadre d’un nouvel affaire de trafic illégale d’armes auquel il serait mêlé. Selon des sources proches des procureurs fédéraux, l’intéressé serait en train de jouer à l’innocent, car ne sachant pas si les autorités fédérales sont au courant de ses activités dans ce domaine.

Des gens qui ont accès aux informations concernant le dossier Guy Philippe ont informé qu’ au cours de cette dernière semaine, les autorités ont interrogé le sénateur élu sur le trafic illégal d’armes auquel il aurait été mêlé, dans l’espoir qu’il accepterait de coopérer en fournissant l’identité des autres personnes impliquées dans ce commerce illicite. On lui aurait également demandé d’informer sur le lieu où ces armes ont été entreposées, l’identité de leurs utilisateurs aussi bien celle des autres individus faisant ou ayant fait partie de son réseau de trafiquants d’armes.

Selon des sources fiables proches des agents fédéraux chargés de suivre la piste des armes achetées illégalement sur le marché international, notamment en Israël, des tueurs à gages en Haïti auraient introduit des armes illégalement dans le pays dont certaines ont été utilisées dans des crimes qui sont restés jusqu’ici impunies.

On précise que des hommes d’affaires sont impliqués jusqu’au cou dans de telles transactions illicites, ayant même fait l’acquisition de revolvers et de mitraillettes semi-automatiques qui auraient été converties en automatiques. Les autorités fédérales souhaitent ardemment que Philippe fasse des révélations concernant le réseau de trafiquants d’armes illégales opérant en Haïti. Ce qui pourra aider à identifier les secteurs mafieux en Haïti qui possèdent de tels engins.

Ces mêmes sources ont précisé que le sénateur élu de la Grand’Anse refuse toute forme de coopération. Aussi, les autorités fédérales auraient-elles conclu que M. Philippe est profondément impliqué dans cette affaire et ne veut admettre un quelconque rôle dans les transactions illégales d’armes, afin de ne pas se compromettre lui-même. Il semble qu’il n’ait pas accepté de faire d’aveu qui pourrait éventuellement se retourner contre lui.

En désaccord avec son avocate

Pendant que Guy Philippe fait l’objet de nouvelles confrontations avec les autorités fédérales, non seulement en ce qui concerne son inculpation pour trafic de drogue et blanchiment des avoirs, le voilà, dit-on, sous interrogation pour son implication présumée dans le trafic d’armes. Tout cela arrive au moment où ses relations avec son avocate n’est pas au beau fixe. Selon ces sources encore, son troisième avocate, qui a récemment pris charge du dossier, pourrait, à son tour, se déporter, si elle ne parvient à persuader son client de se consacrer « totalement » à sa défense.

On explique, à ce sujet, que Guy Philippe a été mis en garde contre certaines personnes en Haïti prétendant être ses amis et partisans, et qui répètent des choses et prennent des initiatives susceptibles de compliquer son cas.

Par la même occasion, fait-on remarquer, l’avocate aurait exprimé son insatisfaction avec son client par rapport à des démarches soit disant menées sur le terrain en Haïti, en vue d’assurer sa « mise en liberté ». Malgré tout ce que lui aurait dit l’avocate, le sénateur élu tient mordicus à ce que ses partisans en Haïti continuent ce qu’ils font. Si décidé à ne pas obéir à son avocate, Philippe lui aurait dit : « Fais ton travail, laisses-moi faire le mien ».

Au dernier moment, M. Philippe n’avait toujours pas accédé à la demande de son avocate de discontinuer ses démarches en Haïti.

On ignore si la troisième avocate de Guy Philippe compte continuer à assurer sa défense. Si oui, elle sera certainement obligée de s’attaquer à l’affaire de trafic d’armes illégales dont parlent les autorités fédérales.

Un tract en faveur de Guy Philippe créé au Parlement

La rumeur qui circulait dans les couloirs du Parlement, au cours des deux dernières semaines, faisant état de la préparation d’une résolution en faveur de Guy Philippe destiné à solliciter sa mise en liberté par les autorités fédérales, vient de faire son apparition sous forme d’un tract.

Il s’agit, en effet, d’un document dactylographié sur une feuille volante, et non sur le papier à entête du bureau du Sénat.

Le document en question, daté du « mercredi 14 mars », parle d’une résolution en quatre articles prise par le Sénat et qui stipule :

« Article – Le Sénat condamne énergiquement l’arrestation de tous les Haïtiens suivie de leur déportation aux États-Unis, particulièrement celle du sénateur élu de la Grand’Anse, Monsieur Guy Philippe, pour être en violation avec des droits fondamentaux de la personne humaine, ainsi que l’esprit et la lettre de l’Accord du 17 octobre 1997.

« Article 2 – Il recommande aux deux gouvernements, haïtien et américain de corriger les erreurs commises dans la Convention de 1997, dans l’esprit de maintenir des meilleures relations diplomatiques entre Haïti et les États-Unis d’Amérique. Dans la même veine, il recommande à l’Assemblée des sénateurs de prendre toutes les positions pour renforcer la lutte contre le trafic de la drogue et le blanchiment des capitaux.

« Article 3 – Fait injonction au gouvernement haïtien d’entreprendre sans terme ni délai toutes les démarches diplomatiques nécessaires en vue du retour immédiat de tous ces détenues, particulièrement le sénateur élu de la Grand’Anse, Monsieur Guy Philippe en Haïti.

« Article 4 – Demande à l’exécutif de dénoncer l’Accord du 17 octobre 1997;

Fait à Port-au-Prince, au Sénat de la République, le mercredi 14 mars 2017, an 213e de l’Indépendance ».

Il est impossible d’identifier les auteurs de ce document, car les paraphes sont tout à fait illisibles.

De toute manière, la teneur de cette résolution, y compris les fautes d’orthographe qui y sont relevées ne sauraient l’attribuer au Bureau du Sénat de la République d’Haïti. De toute évidence, il s’agit d’un document de nature à ternir l’image de marque de l’institution. Il est à souhaiter que le Bureau du Sénat puisse identifier l’auteur ou les auteurs de cette imposture, en vue de les infliger le juste châtiment qu’il mérite.

Cela dit, il va falloir attendre la réaction de Guy Philippe, afin de voir s’il cautionne cette mystification.

L.J.


Cet article se trouve en P. 1&7 de l’édition du 15 mars 2017, Haïti Observateur VoL. XXXXVII, no. 10, sur le format PDF disponible à ce lien-ci »»» http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2016/12/HO15March2017.pdf et en page d’archives.