14 Mai 2019 ou Fréda Dantor 8 Ans 361 Jours 18 Mai 2012

SUR LA ROUTE DU CINÉMA Par Dan Albertini

  • 14 Mai 2019 ou Fréda Dantor 8 Ans 361 Jours 18 Mai 2012
  • Histoire, drame et dérive d’une république étourdie qui fait appel au grand écran

Le coût du traumatisme est de ce qui est insolvable, on doit citer à rebours en ses présidents (4) républiks successives. C’est d’ailleurs un pléonasme. Ce n’est pas un thriller c’est le drame. Le drame se joue en Freda Dantor ambisexuée chez sœur Frida hétéro. Sœur Frida est troublée, pasteur Blazé fait face au loa que l’on élève en laboratoire de musique sacrée, sous le nom de Lemiso. Agressif, déguisé en femme. Un lieu et un autre lieu, la républik découvre ses couvre-feux en plein jour, panique ! 

Rappel : [le film pourrait paraître comme un mélange d’ésotérisme et d’horreur, mais c’est en fait un drame social qui se termine par une issue plus réconfortante. Quelle école ! Le réalisateur choisit d’embellir les scènes de volupté, mais propose la lucidité pour exposer la douleur et le malheur, comme le drap sal. Le personnage de Freda Dantor est authentique, avec un peu de maquillage. En outre, je suis persuadé qu’en allant chercher une actrice telle que Fabienne Colas, quand on connaît l’emploi de ses charmes devant la caméra, le casting aurait mieux réussi le coup de la sensualité].

D’abord Fabienne Colas, le choix était judicieux sur la route du cinéma, elle a fait du chemin malgré la nuance, c’est le principe qui prévaut. Elle s’est bâtie sur l’écran.

Ensuite, le traumatisme de Freda Dantor migre à la frontière de St-Bernard-Lacolle.

Le film va finir sur un transfert étonnant. La scène rentre dans une autre dimension. Politique. Le récit est d’une autre version. Quand l’état haïtien commençait […] cela a eu des effets catastrophiques sur la vie des estropiés du séisme et des orphelins aussi. Personne ne s’occupait de leur sort. D’où Freda Dantor devenue sœur Frida. TPS/TPS.

La réalité de cette fiction de 2012, était pour moi de prévenir un drame potentiel qui déboucherait sous n’importe quelle forme. Le traumatisme est aussi sujet à toute la parèdre des dieux de l’île en sœur Frida, car il y a les panyòl aussi si l’herméneutique est prise en compte. Il eut mieux valu une nouvelle forme d’épectase pour sœur Frida [elle désirait ardemment d’être prise dans les bras d’un solide mal comme ceux des cérémonies]. Reprenons [combien de fois le mont de vénus s’est dilaté, pour la laisser avec ses fantasmes. Elle a fini par sombrer dans une folie légère quand elle a compris qu’aucun homme ne voudrait d’elle avec une jambe amputée et une douleur fantôme confondue avec une malédiction invisible]. L’OMS a tout simplement échoué sur le terrain, en Haïti.

L’État est encore traumatisé, les gouvernements malades, les présidents délirants. Les délires de la républik s’expriment ouvertement sur les ondes de choc où chaque animateur est journaliste justicier police politicien candidat économiste…, etc. Entre temps [Freda est une fois de plus victime dans son pays, mais de son propre pays. Les animateurs culturels ne la voient pas lors de leurs tournées de motivation financées par des organismes internationaux. C’est sur cette note que prend fin le film, l’image animée de Freda qui s’éloigne avec une prothèse financée par les missionnaires étrangers].

14 mai 2019 ou Fréda Dantor 8 ans 361 jours 18 mai 2012 est un dernier appel avant les dix ans qui ne tarderont plus dans la réalité du 12 janvier 2010. 2020 est à nos portes, la course au vrai traumatisme du désespoir prend la forme d’un tijé martyr.

Merci d’y croire !


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur No. 19, édition du 15 mai 2019 et se trouve en P.8 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2019/05/H-O-15-mai-2019.pdf