Jovenel Moïse peut-il mener la lutte contre le COVID-19 ? Par Editor

Jovenel Moïse peut-il mener la lutte contre le COVID-19 ? Par Editor

E n Haïti, les semaines se succèdent et se ressemblent, en termes d’actualité, qui est dominée par la pandémie du COVID-19. Car les organes de presse, toutes catégories confondues, ainsi que les média sociaux, de même que les correspondances électroniques, sans négliger les conversations téléphoniques, les échanges d’informations portent essentiellement sur les ravages que fait ce fléau dans le monde. Mais, d’une manière exceptionnelle, les filles et fils d’Haïti, où qu’ils puissent se retrouver, se lamentent de l’impact de ce fléau sur le pays.

Cette peur intense, qui a une prise solide sur la communauté haïtienne, tant au pays qu’à l’étranger, se justifie par le fait de l’incompétence dont fait preuve l’équipe au pouvoir. Puis- que les décisions prises, toujours in extremis, mais inspirées de modèles adoptées ailleurs, ont très peu de chance de donner les résultats obtenus dans les pays d’où elles sont importées. Mises en application sur le terrain, en Haïti, sans les adapter à la réalité socio-économique et politique nationale, les consignes de comportement données par Jovenel Moï- se à la nation ont très peu de chances d’être suivies par la grande majorité des citoyens. Surtout quand les dirigeants eux-mêmes ont décidé délibérément de les violer. En clair donc, un mariage d’incapacité et d’insouciance par rapport au coronavirus, est la recette idéale pour la catastrophe que tout le monde redoute.

En effet, un des mots d’ordre jugés extrêmement efficaces, dans la lutte contre la pandémie, imposés par le président Jovenel Moïse, la distanciation sociale, est loin d’être universellement observé dans le pays. Se rebellant contre de telles exigences, que la majorité des citoyens issus des classes populaires disent manquer de mesures d’accompagnement à leur intention, ils vaquent carrément à leurs occupations. De ce fait, les tap-tap (transport en commun) sont bondés de passagers; les marchés publics fonctionnent de façon sectorielle, permettant aux marchands/es d’écouler leurs produits, et aux ménagères de s’approvisionner. Les violateurs des consignes de lutte contre le coronavirus s’en prennent au chef de l’État et à l’équipe qui dirige avec lui, les accusant de prendre des décisions unilatérales sans se soucier le moindrement des intérêts des couches nécessiteuses ou de la classe moyenne. Parmi les plus vulnérables de celles-ci figurent le secteur de la sous-traitance et d’autres ouvriers touchant le salaire minimum. Si, à titre d’exemples, les autorités ont fait procéder à l’arrestation de quelques patrons d’entreprises de taille moyenne, qui ont violé les mots d’ordre, ou de rares ouvriers triés sur le volet, la majorité des citoyens passant outre aux règlements dictés par le pouvoir ne sont pas inquiétés. Le régime haïtien n’ayant pas les moyens qu’il faut pour imposer sa volonté par rapport à la campagne contre le COVID-19.

Il faut signaler que, dans la lutte contre ce fléau, Jovenel Moïse affiche un certain complexe, en raison du fait qu’il n’a pas les ressources nécessaires pour se donner les moyens de sa politique. Puisque les mesures qu’impose la politique anti-coronavirus entraînent indubitablement des investissements dont son gouvernement ne dispose pas. Tel est le principal motif de la peur qui habite les Haïtiens en général, par rapport à la gestion du coronavirus par le président haïtien. Cette inquiétude tire encore sa raison du fait que très peu de lits d’hôpitaux sont disponibles pour prendre en charge les éventuels victimes du COVID-19. Le Dr Lauré Adrien, directeur général du ministère de la Santé publique et de la population (MSPP), qui est aussi co-président de la Commission multisectorielle de gestion du COVID-19, a déclaré que les autorités disposent seulement de «547 lits d’hôpitaux» à travers la République pour interner les personnes infectées.

Les propos du Dr Adrien donnent raison à ceux qui craignent pour le peuple haïtien, face à la lutte contre la pandémie menée sous la houlette de Jovenel Moïse. Comme quand il dit, par exemple : Dans les prochains jours, il y aura : « (…) une augmentation du nombre de décès liés au coronavirus dans le pays». Ce qui ne rassure guère le personnel affecté aux hôpitaux publics se plaignant du manque de matériels de protection pour les médecins, infirmiers (ières) et autres catégories de spécialistes préposés aux soins des patients, en général; et à ceux des personnes infectées du Conavirus, en particulier.

D’autres révélations de Lauré Adrien mettant en relief l’impréparation du président haïtien et ses collaborateurs, dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire que constitue le COVID-19 : «Le gouvernement avait commandé de l’étranger environ un million de matériels d’équipements. Malheureusement, le fournisseur a dit n’être pas en mesure de fournir qu’un quart de la demande. Qui pis est, il n’était pas en mesure de donner une garantie quant à la date de livraison sollicitée par les autorités». En sus d’ajouter que «Le pays dispose de seulement 142 000 matériels de protection».

Autre sujet de préoccupation des citoyens, le nombre grandissant des cas de personnes testées positive du COVID-19. Les dernières données fournies par le MSPP mettant à jour celles communiquées antérieurement font état d’un nombre de 7 nouveaux cas, portant ainsi le nombre de personnes infectées à 40, et 3 décès, selon les chiffres officiels. Ce qui accuse une tendance à la hausse du nombre de gens testés positifs.

Sachant que la corruption bat son plein au sein de l’administration Moïse et la tendance des hommes et femmes du PHTK à donner dans la surfacturation ou à conclure des accords générateurs de pots de vin profitables et de juteuses commissions, il y a fort à parier que la qualité des marchandises et des fournitures acquises ne sera pas assurée. C’est dans cet ordre d’idées que des rumeurs circulant sur les réseaux sociaux font croire que des «masques contaminés» auraient été commandés par les décideurs haïtiens. Quand on sait que lors de la commande de tous terrains blindés pour la Police nationale, par le Palais national, il s’agissait plutôt de véhicules de qualité inférieure, cette idée a toute son importance. Puisque, lors d’une intervention soi-disant musclée des forces de l’ordre à Village de Dieu, au Portail Léogâne, au mois de février, moins de trois jours après l’arrivée de ces véhicules à Port-au-Prince, au moins un d’entre eux a été immobilisé par les feux nourris des bandits.

Pour se faire une juste idée de la légitimité des inquiétudes des citoyens haïtiens, face au danger que représente le coronavirus pour le pays, il suffit de se rappeler que le directeur général du ministère de la Santé publique a invité le personnel des hôpitaux publics à donner un répit au gouvernement. Aussi recommande-t-il aux médecins, infirmiers (ières), etc. de reprendre normalement le travail.

Ces derniers sont entrés en grève depuis plusieurs semaines, même avant que la pandémie n’ait fait son apparition en Haïti. Cette mobilisation s’est renforcée depuis quelque temps, car, en sus de la demande au gouvernement de leur verser des arriérés de salaire qui leur sont dus, ils ont ajouté de nouvelles revendications. À l’ère du COVID-19, ils demandent, non seulement de meilleures conditions de travail, mais aussi que leur soient données de meilleures protections contre la pandémie.

Après tout ce qu’on a constaté, par rapport à l’action que mène Jovenel Moïse contre le Coronavarus, son incompétence saute aux yeux. Sans imagination, même quand il opte pour mettre en pratique les mesures anti-COVID-19 adoptées dans d’autres pays, il manque de compétence et d’imagination pour les imiter objectivement. Peut-on donc se fier à lui de bien mener la lutte contre la pandémie ? Peut-on lui faire confiance que donneurs de soins et patients seront convenablement protégés ?


cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, VOL. L No.14 New-York, édition du 15 avril 2020 et se trouve en P.14 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/04/H-O-15-april-2020-1.pdf