SUR FOND DE CONTESTATIONS DE TROIS PARTIS POLITIQUES RIVAUX – Important déploiement de policiers pour parer à d’éventuels dérapages…
Si tout se passe comme prévu, le président provisoire Jocelerme Privert et son équipe vont pouvoir relever le défi de son administration en passant l’écharpe présidentielle à un président élu, le 7 février 2017. C’est, en fin de compte, ce qu’attend le pays, suite à la proclamation du candidat du Parti haïtien tète kale (PHTK), vainqueur de la présidentielle du 20 novembre 2016 au premier tour. Toutefois, la nation n’est pas encore sortie de l’auberge, puisque les controverses qui ont éclaté autour du processus électoral n’ont pas été résolues à la satisfaction de tous les partis contestataires.
Selon les résultats définitifs publiés en fin d’après du mardi, par le Conseil électoral provisoire (CEP), Moïse est élu au premier tour avec 55,6 % du suffrage, soit un total de 590 827 voix. Il est suivi de Jude Célestin, le porte étendard de la Ligue alter- native pour le progrès et l’émancipation haïtienne (LAPEH), qui a recueilli 19,57 % correspondant à 207 988 votes. Ce dernier pré- cède Moïse Jean-Charles, le postulant de Pitit Dessalines avec 11,04 %, représentant 117 349 votes; celui-ci est suivi de Maryse Narcisse, du Parti politique Fanmi Lavalas, qui a obtenu 9,01 % du suffrage ou 95 765 votes.
Selon les données fournies par l’organisme électoral, le taux de participation de l’électorat est estimé à 21 %.
En dépit des contestations soulevées par les organisations politiques LAPEH, Pitit Dessalines et Fanmi Lavalas et l’analyse de 12 % des procès-verbaux, soit 1 500, le verdict préliminaire donnant la victoire à Jovenel Moïse au premier tour demeure inchangé. Puisque les résultats préliminaires proclamés dans la soirée du mardi 28 novembre par le CEP donnaient ce dernier pour gagnant au premier tour avec 595,430 voix, soit 55,67 % des suffrages; suivi de Célestin avec 208 835 voix ou 19,52 % des suffrages; Moïse Jean-Charles en troisième position avec 118 142 votes, soit 11,04 % des suffrages; et Maryse Narcisse avec 96 121 votes, ou bien 8,99 % des suffrages exprimés.
Les partis contestataires mis hors jeu par le BCEN
Les trois partis rivaux, soient LAPEH, Pitit Dessalines et Fanmi Lavalas avaient immédiatement soulevé des contestations ayant ouvert une phase de contestation des résultats préliminaires du 29 novembre 2016 pour statuer sur les demandes des entités qui se sentaient lésées.
Suite aux demandes des partis contestataires, le Tribunal électoral avait exigé la vérification de 12 % des procès-verbaux. Mais suite à l’analyse des dits procès-verbaux, au Centre de tabulations des votes (CTV), le Bureau du contentieux électoral national écartant toute « possibilité de recours » des partis contestataires, avait exigé un autre décompte des votes, après la mise à l’écart de 70 procès-verbaux.
Cette décision des juges électoraux a donc mis hors-jeu les trois candidats contestataires. Aussi celle-ci a-t-elle déterminé qu’ « il n’y a pas eu de fraudes massives », sinon des « irrégularités » qui ne sauraient changer les résultats initialement proclamés.
On ne peut encore évaluer l’impact de la victoire octroyée au premier tour à Jovenel Moïse sur les partis contestataires et les milieux qui réclamaient à cor et à cri la vérification « objective » des procès-verbaux. Mais les partisans de Fanmi Lavalas ont encore manifesté dans les rues, aujourd’hui (mardi 3 janvier), car ils avaient rejeté carrément les résultats définitifs bien avant leur proclamation.
En prévision de la proclamation des résultats définitifs, qui allaient accorder la victoire à Moïse, les rues de la capitale étaient désertes, très peu de véhicules étaient remarqués et les gens préféraient rester chez eux. À part quelques points chauds de Port-au-Prince où des barricades enflammées étaient remarquées, il n’y avait encore aucune anomalie à signaler. Mais on ne peut savoir comment sera l’atmosphère, à la capitale, dans les prochaines vingt-quatre heures. Et les rumeurs d’agitation dans certaines zones de provinces ne s‘étaient toujours répercuté sur la capitale.
Premières réactions de la communauté internationale Les premières réactions de la communauté internationale ne se sont pas fait attendre.
Les Américains ont pris les devants avec un communiqué dans lequel le Département d’État a déclaré sa satisfaction des résultats définitifs du premier tour du scrutin du 28 novembre.
En effet, dans la note ,somme toute laconique, diffusée tard dans l’après-midi, après la publication du CEP, le Bureau du porte-parole du Département d’État a fait savoir que la publication des résultats de la présidentielle par Haïti « constitue une étape positive pour le plein rétablissement des institutions démocratiques de ce pays ».
Et le communiqué d’ajouter « Nous félicitons le président-élu Jovenel Moïse de sa victoire au premier tour et attendons avec impatience l’opportunité de travailler de près avec lui, alors que nous raffermissons notre partenariat de longue date avec Haïti. Nous exhortons tous les acteurs d’accepter les derniers résultats, de s’abstenir de recourir à la violence et d’œuvrer ensemble en vue de construire une Haïti stable et prospère ».
Il est à remarquer qu’il n’a pas été donné à l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince d’émettre ce communiqué. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’une décision d’agir immédiatement pour donner l’impression que Washington n’était pas partie prenante des négociations ayant abouti au verdict du CEP donnant la victoire au premier tour à Jovenel Moïse.
À coup sûr, les retombées des dernières tractations finiront par être pêchées sur tous les toits. Il sera alors possible d’aller au fin fond de toute l’affaire.
Cet article est publié en P. 1 et 3 de l’édition papier du 4 janvier 2017