LE CARNAVAL 2017 ARRIVE SANS PRÉVENIR UN NOUVEAU DÉSASTRE

Sweet Micky part en guerre contre la presse haïtienne

PORT-AU-PRINCE, 14 février – Sweet Micky a profité d’une apparition fortuite à l’émission culturelle de radio Caraïbes (9 février 2017) pour lancer des invectives à l’en- contre de personnalités du milieu. Reprenant les sentiers battus du domaine où il excelle le plus, il n’a pas mâché ses mots à l’endroit de deux membres de renom de la presse haïtienne. Dans tout pays sérieux, il serait déjà mis à l’index et/ou traîné devant les tribunaux, car ce genre de dérives arrive trop fréquemment.

En effet, il s’agissait, contre toute attente, d’un ancien président déchaîné, dévergondé, sans aucune retenue. Il est évident qu’il profite d’un tremplin pour dénigrer certains travailleurs de la presse qui avaient pris le risque de critiquer les dérives de son quinquennat. Le but visé serait de les liquider en les discréditant aux yeux d’une population avide de sensations fortes, celle qui vit de scandales et de vulgarités indignes d’un ex-président tout en jetant le venin de la division au sein de Radio Caraïbes. Sous des apparences de fou et de maniaque insatiable d’indécence, l’ex-président Martelly reconverti en Sweet Micky ne veut atteindre qu’un seul but : bâillonner la presse à travers des journalistes indépendants. Une ultime tentative à la fois de « kaponaj » et d’intimidation visant les jeunes confrères qui, à l’occasion, sont avertis de l’- épée de Damoclès qui plane sur leur tête, dans le cas où ils glisseraient sur la même pente que Li- liane Pierre-Paul, Jean-Monard Metellus et d’autres confrères de la presse indépendante. Pour aboutir à ses fins, il invente des histoires abracadabrantes entonnées sur des airs de merengue, enivrantes pour sa racaille. Le tout sur un ton railleur, de radoteur incontestable et incorrigible.

La populaire journaliste de Radio Kiskeya, Mme Liliane Pierre-Paul, et celui de Ranmase (radio Caraïbes), Jean-Monard Metellus sont ses cibles de prédilection depuis les années de sa présidence. Pour une raison ou une autre, il rentre dans la vie privée des gens avec démesure, oubliant momentanément qu’il est un père de famille avec femmes et enfants. Et toutes les attributions qui amèneraient à la raison un individu normal. Plusieurs stations de radio ont délibérément choisi de ne pas passer en onde sa dernière trouvaille : « 2 ke pou Ti Lili ». En temps normal, les organisations de la société civile, les églises et les secteurs sains de la société devraient réagir contre ces dérives qui sont des atteintes aux bonnes mœurs et à la conscience citoyenne. Il est grand temps de bâtir un état de droit, dans le respect mutuel, un pays ou Sweet Micky se conjuguerait au passé.

Le carnaval 2017 organisé sur la foulée de ses prédécesseurs

Alors que les dimanches pré-carnavalesques ne cessent d’accumuler des morts et des blessés, les autorités étatiques ne font aucun effort pour prévenir un drame comme celui qui avait secoué, dans des circonstances dramatiques, l’édition 2015 du Carnaval national, qui se déroulait à la capitale. On dirait que « plus ça change, plus c’est la même chose ».

En effet, le dimanche 5 février, on dénombrait plus quatre personnes décédées à la capitale à la suite d’altercations du genre « laisser-frapper ». Cette sorte de dérapages, apparemment sans danger, qui se terminaient autre- fois à l’arme blanche, prend aujourd’hui une autre allure. La prolifération des armes à feu fait que ces échauffourées finissent à coups de pistolet quand il ne s’agit pas de mitraillettes du genre AK- 45. Les autorités de la mairie de Port-au-Prince négligent de prendre leurs responsabilités, tandis que les instances policières ne sont pas à la hauteur de la situation. Le gouvernement, ou du moins la dépouille du gouvernement de transition de Jocelerme Privert, prend une attitude de Ponce Pilate en se lavant les mains dans un attentisme coupable. De son côté, prudent, Jovenel Moïse ne se prononce pas sur l’insécurité carnavalesque.

Un coup d’œil au hasard sur le terrain a permis de découvrir que les résultats de l’enquête diligentée par le gouvernement Martelly/K-Plim, pour prévenir un drame analogue à celui de 2015, n’ont jamais été publiés. Autre- ment dit, il ne s’agissait que de battre la grosse caisse afin de montrer une juste intention pour- tant demeurée lettre morte. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer le fait que les membres de cette commission d’enquête ont pu faire choux gras des moyens mis à leur disposition pour une sinécure sans aucune mesure.

Pour le moment, les chars pré-carnavalesques conservent la même dimension (tant en hauteur qu’en largeur) qui avait été mise en cause dans la mort de plusieurs personnes et occasionnés des dizaines de blessés en 2015.Avec approximativement plus de 16 mètres de hauteur, ils peuvent frôler les câbles électriques à tout moment avec des conséquences analogues, voire pire de ce que nous avons connu à date. Leur largeur excessive ne permet pas aux automobilistes de se frayer un chemin, au point où la circulation automobile devient inexistante à partir de 4 à 5 heures, tous les dimanches après-midi. Il est à retenir que ces chars gigantesques sont construits et loués par Dimitri Craan, un homme d’affaires proche du pouvoir « après nous, c’est nous » de Michel Martelly. Ces gros mastodontes accueillent plu- sieurs centaines de personnes. En sus des musiciens, il s’agit principalement de petites femmes légères, à demi-nues, portant généralement l’accoutrement dit « pantalon sans fouk » afin d‘exposer leurs parties intimes.

À la capitale, les rues sont bondées de gens venant principalement des bidonvilles qui la ceinturent. Contrairement à la tradition, ce sont des DJ qui mènent l’animation à grand coup de décibels. Le plus populaire, Tony Mix, a été proclamé ambassadeur de la commune de Carrefour, banlieue sud de Port-au-Prince. Il doit sa renommée aux trivialités sans bornes qu’il débite dans ses envolées. Son principal concurrent dans l’indécence n’est nul autre que Micky Mix. Pour le moment, l’ancien président brille par son absence du parcours pré-carnavalesque, mais ses compositions fielleuses rivalisent amplement avec celles de Tony Mix. Selon ce qui se dessine, les milieux musicaux craignent une nouvelle montée d’adrénaline venant de celui qui a démontré, à l’émission matinale de Radio Caraïbes (Bregart), qu’il n’a pas dit son dernier mot. S’il faut admettre que la majorité triviale est à la recherche de sensations fortes, le principal intéressé doit sans cesse passer à une vites- se supérieure pour rester sous les feux de la rampe. Micky prend de l’âge et ses jeunes concurrents le talonnent avec arrogance.


l’original de cet article est publié en P. 1 et 3 de l’édition du 15 février de l’hebdomadaire Haïti Observateur dont la version PDF se trouve en page d’ARCHIVES.