LE RÉGIME PHTKISTE MOÏSE-JOUTE EN CRISE TERMINALE ?
- Max Athys expose le pillage de la caisse publique par Léo Joseph
- Des fortunes construites dans l’espace de quelques mois…
Justement, le régime Moïse-Jouthe s’est enfoncé dans une zone de turbulence sans issue. Les démissions et révocations en cascade, qui secouent l’administration PHTKiste, depuis quelques semaines, sans laisser entrevoir aucune fin, risquent de sonner son glas, à brève échéance. Les révélations du ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Action civique (SJAC), pourraient bien être le coup de grâce. Surtout que, jamais auparavant, la rupture d’un fonctionnaire de haut niveau avec le gouvernement dont il faisait partie, tel que Max Athys, n’avait autant mis à nu le système politique et administratif dans toutes ses composantes.
Si les hauts fonctionnaires, qui ont abdiqué leurs postes, au sein du régime Tèt Kale, ont presque tous mis leurs queues entre leurs pattes, avant de s’engouffrer dans un trou, sombrant dans le silence profond, l’ex-titulaire du SJAC estime qu’il est de son devoir de citoyen d’alerter la nation par rapport à ce qui se passe à l’intérieur du pouvoir. Il se lamente du fait que, dans le cadre du débat lancé sur le détournement des fonds publics, la corruption et d’autres dérives de la gent au pouvoir, se concentre presqu’uniquement sur le Fonds PetroCaribe. Pourtant, argue-t-il, les ressources provenant de la «coopération externe» gaspillées, détournées et volées sont de loin supérieures aux USD 4,2 milliards $ dilapidés de ce compte alimenté par la vente du brut vénézuélien. Après les propos d’usage exprimant sa satisfaction d’avoir une interview avec un représentant d’Haïti-Observateur, l’ex ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique a présenté ses civilités à Léo Joseph, se déclarant heureux de cette rencontre, quand bien même elle serait virtuelle.
Privé des moyens pour faire bien marcher ce ministère À la première question disant que «vous avez vraiment claqué la porte en quittant le gouvernement. Quels sentiments expriment ce geste» ? Max Athys répond qu’il n’aime pas vraiment l’expression «claquer la porte», cela donne l’impression d’une personne qui parle avec spontanéité. Il dit avoir mûrement réfléchi avant de faire des déclarations à la radio, notamment invitant Jovenel Moïse à «quitter le pouvoir pour éviter un bain de sang» au pays.
Parlant de son entrée comme titulaire du SJAC, M. Athys révèle que très tôt il a constaté qu’il ne pouvait réaliser grand-chose, en termes de redressement dont ce ministère a grandement besoin. Il affirme qu’il n’avait pas besoin d’une enquête exhaustive pour se rendre compte que sa nomination à ce ministère ne signifie guère qu’il allait gérer un des ministères les plus importants du pays, mais qui est traité en parent pauvre par les autorités. Dans ses révélations, il affirme que ce qui se passe dans son ministère n’est pas différent de la réalité constatée dans les autres institutions de l’État. Car les gens au pouvoir ont les possibilités de s’enrichir rapidement. Il est inimaginable, dit-il, qu’un ministre, ou tout autre fonctionnaire ayant des relations privilégiées avec le Palais national, qui passe moins d’un an dans un poste gouvernemental, accumule plus d’argent qu’un président américain ayant fait deux mandats.
Arrivé au SJAC, il s’est vite rendu compte que le budget alloué à son département n’allait pas lui permettre de relever les gros défis de ce département. En effet, souligne-t-il, un ministère à trois volets, Jeunesse, Sports et Action civique, n’a reçu que 4 % du budget national, soit 690 millions de gourdes, alors que pour l’année fiscale précédente, sa taille était de 1 million 200 millions de gourdes.
Les griefs formulés par M. Athys démontrent clairement que le ministère qu’il dirigeait, à l’instar d’autres, tels que Santé publique, Éducation nationale, est victime des priorités mal placées du régime Tèt Kale. Il affirme que le faible budget octroyé au SJAC contraste avec l’importance de ce département quand on sait que le pays est composé de 60-65 % de per sonnes âgées de 20-40 ans. Cela signifie que le régime en place consacre 4 % des allocations fiscales à 60-65 % de la population.
L’ancien ministre du SJAC ex plique aussi que, non seulement la part du budget consacré à ce département ministériel est réduite de près de 50 %, les autorités y ont ajouté une secrétairerie d’État. En clair, les ressources allouées à ce ministère ne peuvent suffire à financer les activités liées aux Sports, à la Jeunesse et à l’Action civique, trois secteurs clés du pays.
Par ailleurs, Max Athys se plaigne du fait que son ministère n’ ait pas été mis en mesure de jouer pleinement le rôle d’appui à la jeunesse, secteur fortement touché par la pandémie de la COVID-19, bien que le président du pays ait autorisé l’octroi, quoiqu’insignifiant, d’une allocation spéciale à cette fin. Le ministre des Finances et des Affaires économiques (MFAE) avait été ordonné par le président Moïse de pourvoir au besoin du SJAC, en matière de finance, dans la lutte contre cette maladie hautement contagieuse.
Le ministre du SAJC démissionnaire a fait savoir que son collègue des Finances ne l’a jamais contacté une seule fois pour discuter de cette allocation de 75 millions de gourdes. Point n’est besoin de dire que les projets qui ont été envisagés pour encadrer les jeunes, dans la lutte contre le coronavirus, ont été tout bonnement envoyés aux calendres grecques.
25 stades à construire : Le peuple haïtien escroqué
L’idée de construction des installations sportives, sous l’administration Martelly-Lamothe, n’a été, ni plus ni moins, qu’un projet concocté par cette équipe pour escroquer le peuple haïtien, au profit, sur tout, d’Olivier Martelly, le fils aîné de l’ex-première famille. Dans le cadre de cette initiative, ce dernier a été désigné par son père, dans un décret fait sur mesure, coordonnateur de ce projet. Cela signifie qu’il avait la responsabilité de suivre les travaux dont les exécutions avaient été confiées à des compagnies dont les propriétaires sont des alliés du pouvoir.
Les autorités n’avaient jamais rendu public le budget prévu pour la construction des 25 stades. L’autorisation d’effectuer le travail a été donnée par le tandem Martelly-Lamothe, et les fonds extraits du Fonds PetroCaribe. On ne sait au juste quand les travaux ont été complétés, puisque rien n’a été dit si l’État (ou ses représentants) étaient satisfaits des ouvrages, ni si l’inauguration des stades avaient eu lieu.
Après cinq mois comme ministre du SAJC, Max Athys, qui recevait des rapports relatifs aux installations sportives, dont fiston Martelly avait la responsabilité de veiller à la bonne marche des travaux, n’existaient pas. D’où l’idée d’organiser ces tournées dans les différentes villes du pays. Il dit avoir été déconcerté par les spectacles qu’il a vus, notamment des terrains de football abandonnés, des constructions inachevées. Par exemple à Mont-Organisé, un vas te terrain de football doté d’une bicoque, muré en blocs où pousse la végétation sauvage. C’est à peu près le même spectacle dans d’autres régions visitées où ces espaces servent de fosses d’aisance aux populations. En tout cas, dans la grande majorité des soi-disant stades, qui devaient s’y trouver, on ne peut voir que des terrains vides cou vertes de plantes sauvages. Il y en a même que les paysans ont utilisé pour faire des jardins. Selon toute vraisemblance, les compagnies de construction embauchées pour les travaux n’ont même pas été présentes sur les lieux, dans trop de cas.
On se demande comment des dirigeants du pays ont pu autoriser le décaissement de dizaines de millions de $ sans avoir la preuve que les travaux ont été effectués. Autrement, il s’agit d’un plan concocté pour s’entendre avec ces firmes de construction, en vue de voler l’État.
Témoins à charge dans le procès PetroCaribe ?
Tout compte fait, Max Athys s’est transporté sur les lieux du crime, dans les différents villes et villages d’Haïti où les millions volés du Fonds PetroCaribe devaient servir à financer des projets de construction. Désormais la documentation est disponible, les photos et vidéos également. Selon toute vraisemblance, l’ex-ministre du SAJC et le personnel qui l’accompagnait dans cette fournée pourraient servir de témoins à charge dans d’éventuelles poursuites contre les Premier ministres, ministres, directeurs généraux et d’autres hauts fonctionnaires, en sus des compagnies de construction ayant conspiré avec ces hauts fonctionnaires et le chef de l’Exécutif pour escroquer le peuple haïtien.
On comprend maintenant pourquoi Max Athys a été l’objet de menaces de mort, à peine quelques heures après avoir donné sa démission au président haïtien. Les dénonciations qu’a faites ce dernier relancent le débat sur la dilapidation du Fonds PétroCaribe. À coup sûr, qui dit 25 stades non cons truites dit aussi Michel Martelly, Laurent Lamothe et Olivier Martelly. Ce trio a des comptes à rendre relatifs au vol des fonds destinés au paiement de la construction de ces infrastructures.
Dans la prochaine édition, d’autres révélations de Max Athys. L.J.
cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 29 juillet 2020, VOL. L, No.29 – New York, et se trouve en P. 1, 14, 15 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/07/h-o-29-juillet-2020-1.pdf