Les Municipales annulées auront lieu le 15 mars par Léo Joseph

LES ÉLECTIONS EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

  • Les Municipales annulées auront lieu le 15 mars par Léo Joseph

Au moment où les électeurs dominicains s’apprêtaient à remplir leur devoir civique et que les différents candidats aux fonctions municipales se mettaient en branle pour savourer leur victoire ou se lamenter sur leur défaite, le Conseil électoral central (JCE en espagnol) a lancé une pavée monumentale dans la mare : annulation des élections municipales sur toute l’étendue du territoire national. Une décision occasionnée par l’irrégularité des bulletins constatée dans les écoles où le système était mis en route, dimanche 16 février. Les autorités électorales n’ont pas attendu plus de 24 heures pour fixer une nouvelle date pour ces joutes.

En effet, Julio César Castaños Guzmán, président de l’organisme électoral dominicain, a déclaré que cette décision a été prise pour les municipalités où le vote est informatisé, aussi bien que celles où les bulletins papiers sont la norme. Le patron du CJE a précisé que depuis la nuit précédente (15 février), l’irrégularité des bulletins était remarquée, se révélant incomplètes dans la moitié des écoles, sans que les techniciens n’arrivent à identifier la source de l’erreur. Aussi a-t-il fait remarquer : «Faute d’un bulletin de vote complet pour tous les partis, ces élections ne peuvent avoir lieu, pour des raisons élémentaires».

Sur ces entrefaites, les partis politiques de l’opposition ont convenu de mettre en garde contre le chaos électoral qui serait susceptible de s’installer le jour des Municipales. Surtout, ont expliqué les chefs de partis, que des erreurs et des défaillances ont été constatées dans 88 % des opérations. À cet égard, Orlando Jorge Mera, délégué du Parti révolutionnaire moderne (PRM), dont le candidat à la présidence est Luis Abinader, a informé que «Seulement 12 % des municipalités dotées du système informatisé ont pu fonctionner convenablement».

À noter que la joute électorale municipale devait se dérouler le dimanche 16 février.

La nouvelle date des Municipales, fixée au 15 mars à l’aide de bulletins

Confronté à la grande confusion, voire au mécontentement quasi général provoqué par ce contretemps, notamment, au sein des partis politiques d’opposition, le Conseil électoral central est allé vite en besogne pour fixer la nouvelle date des Municipales qui ont été annulées le 15 février. Lors d’une conférence de presse tenue lundi (17 février), M. Guzmán a annoncé la nouvelle date fixée au 15 mars.

Dans le communiqué de presse diffusé avant même la publication du nouveau décret relatif à la dernière date prévue pour les élections municipales, publié ultérieurement, il est indiqué que les élections du 15 mars auront lieu avec des bulletins en papier à travers tout le pays. Autrement, dit le communiqué de presse, les exigences stipulées antérieurement, y compris les candidats agréés et le plafond des dépenses, restent inchangées.

De toute évidence, cette complication intervenue dans les élections municipales provoquée par ce problème technique survenu dans le système électoral avait, en quelque sorte, déclenché un mécontentement presque général au sein des partis non officiels, en raison surtout du fait que les candidats de l’opposition ne sont pas richement financés comme le sont ceux du parti au pouvoir, le PLD.

D’ores et déjà, d’aucuns se demandent si le pouvoir ne serait pas disposé à prendre des mesures appropriées en faveur des candidats des partis d’opposition, dont certains, qui avaient dépensé quasiment toutes leurs caisses électorales se retrouvent aujourd’hui presqu’à découvert. Dans les présentes conditions, ceux qui se trouvent dans cette catégorie seront forcés d’effectuer de nouvelles levées de fonds pour pouvoir boucler le mois de campagne additionnel.

Dans le même ordre d’idées, le JCE sera obligé d’investir des ressources additionnelles en vue de financer les dépenses entraînées par la mise en place du système de bulletins appelé à remplacer la version informatisée.

À qui profite le crime ?

Entre-temps, l’annulation des Municipales a semé la consternation dans les milieux politiques dominicains, dont certains voient dans cet incident une tentative de faire entorse à la démocratie. C’est pourquoi, suite aux dernières décisions du JCE, d’aucuns se demandent à qui profite le crime?

Cette question s’impose de toute urgence dans le débat déclenché suite au problème technique qui s’est déclaré dans le système électoral. Surtout en tenant compte des différents sondages d’opinion qui ont été rendus publics, au cours des derniers mois, le parti au pouvoir (le PLD) et son «allié ennemi», le parti Fuerza del Pueblo de l’ex-président Léonel Fernandez Reina.

En effet, les recensements d’opinion réalisés ont donné systématiquement un avantage confortable à Luis Abinader, candidat à la présidence du PRM. Ce qui, par voie de conséquence, en vertu du phénomène de la traine, favorise les postulants des partis d’opposition aux élections municipales qui allaient se tenir le 17 février.

Dans un pays où les tractations malhonnêtes ont, dans le passé, marqué les scrutins, dans la vision de barrer la route aux candidats jugés «inacceptables» à une importante frange de la classe politique et sociale, il y a fort à parier que cette dernière erreur technique dans le système électoral n’est pas innocente. Surtout que les «magouilleurs politiques» antérieurement engagés sur le terrain n’ont pas renoncé à leur passe-temps favori.

De toute évidence, il y a anguille sous roche. Rien n’autorise à croire que la découverte opportune de cette erreur technique a le potentiel d’écarter le mauvais sort qui menace les élections de 2020, en République dominicaine. Car, dans la mesure où la marée Abinader charrie le changement, les ennemis de cette tendance ne vont pas certaine- ment mettre bas les armes, faute du déploiement des grands moyens pour les contrer. L.J.


Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 19 février 2020, VOL.L No. 7 New York et se trouve en P. 2 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/02/H-O-19-february-2020-1.pdf