Melchie Daëlle Dumornay prise en otage par la FHF Par Gesner Jean Marie
PORT-AU-PRINCE, 19 septembre — Une bonne nouvelle pour le football féminin, Melchie Daëlle Dumornay est finalement arrivée en France, après une semaine d’empêchement pour cause de la Covid-19. Cependant, au lieu de prendre direction de Lyon, comme prévu, elle a atterri au Stade de Reims. Pourquoi ? Une seule explication, elle est prise en otage par la Fédération haïtienne de football (FHF), que dirige actuellement Carlo Marcelin, comme secrétaire général.
En effet, Mme Dumornay (Corventina), cinquième jeune joueuse mondiale, après une longue attente d’une semaine, a quitté Haïti, le mercredi 8 septembre 2021, pour la France, afin de retrouver ses coéquipières en sélection évoluant au sein d’une équipe élite française. La joueuse, qui a fêté ses 18 ans récemment, va rejoindre le Stade de Reims, lauréat à 5 reprises du Championnat de France de première division. Longtemps convoitée par l’Olympique lyonnais, la jeune étoile haïtienne a préféré déposer ses valises au Stade de Reims, qu’elle estime répondre à son profile, mais aussi club qu’elle croit pouvoir faciliter l’atteinte de ses objectifs.
Bloquée, une semaine avant son départ, à l’aéroport international Toussaint Louverture, pour n’avoir pas pris toutes les doses de vaccin contre le Coronavirus exigées par les autorisées françaises, Melchie Daëlle Dumornay se sent heureuse au sein du club Stade de Reims, au point de vouloir devenir un monstre sur le terrain, a-t-elle dit, tout en songeant, à l’avenir, à rejoindre la formation lyonnaise, le meilleur club du monde de football féminin, avec lequel elle avait déjà un accord de principe pour le rejoindre quand elle aura 18 ans. C’était sous le règne du Dr Yves Jean-Bart, en 2020.
Stade de Reims au lieu de Lyon, Corventina prise en otage par la FHF
Le temps passe, la Fédération a changé de patron, les données aussi ont changé. Melchie Daëlle Dumornay signe brusquement au Stade de Reims, au lieu de Lyon. Un choix justifié par la joueuse, une adolescente de 18 ans, qui ne sait rien dans les affaires du football international, transferts, contrats et clauses d’un contrat. Elle est prise en otage par le clan Carlo Marcelin, sans autorisation de son club AS Tigresse.
N’ayant pas eu de problème pour laisser partir la joueuse au Lyon, où elle devait passer une année à étudier, avant de signer son contrat professionnel, l’AS Tigresse n’a pas donné son autorisation à la FHF pour conclure le contrat au Stade de Reims. À se rappeler que, le transfert, pour être affectif, doit avoir dans le dossier le ITC (International Transfert Certificate) exigé par la FIFA. Sinon il sera invalidé. Donc qui a autorisé cette transaction ? C’est juste une question d’argent, dont la footballeuse serait la victime sur le plan financier et le clan Carlo Marcelin, le principal bénéficiaire.
ITC ou International Transfert Certificate, c’est quoi ?
Normalement, dans le cadre du transfert de Dumornay, quand elle arrive en France, le nouveau club, Stade de Reims doit demander à la Fédération française de football (FFF) de solliciter auprès de la (FHF) le ITC. C’est à ce moment-là que celle-là devait demander l’autorisation au club de Melchie Daëlle Dumornay, l’AS Tigresse.
À ce stade du transfert, si le club dans lequel la joueuse était licenciée avait déjà un accord avec le club étranger (Stade de Reims), il donne l’autorisation de délivrer le ITC, sinon il s’y oppose. Selon un responsable de l’AS Tigresse, la FHF n’avait pas sollicité l’autorisation de délivrer le ITC auprès d’AS Tigresse.
Comment le clan de Carlo Marcelin a t-il pu orchestrer ce coup ? Quel Club haïtien a donné l’autorisation de l’ITC à la place de l’AS Tigresse ? Quel est intérêt est en jeu ?
Le drame c’est que l’AS Tigresses a appris, par voie de presse, le départ de la Melchie Daëlle Dumornay. À noter aussi que l’AS Tigresse n’avait aucune objection ni exigence à donner son accord au Stade de Reims. Elle était aussi intéressée dans un souci de protéger l’enfant qui n’a aucune expertise, de peur qu’elle ne soit exploitée ou que ses intérêts soient lésés, à savoir : comment ce départ pour la France a-t-elle été arrangé ? De quel salaire bénéficiera-t-elle ? Quels arrangements ont été faits en matière de logement pour elle ? Sur quelles garanties médicales peut-elle compte ?
Est-ce que les intermédiaires, qui ont mené les négociations en faveur de la joueuse, ont conclu un contrat aux termes desquels les intermédiaires se sont octroyé la part du lion en s’arrangeant pour détourner et voler l’argent du transfert de Melchie Daëlle Dumornay ? La Fédération haïtienne de football doit des explications à la famille du football.
Selon cette même source, qui souhaite garder l’anonymat, Lyon avait un accord verbal avec AS Tigresse et la FHF pour que la joueuse aille jouer sans de grandes conditions financières. Ce genre d’accord ne fait pas l’affaire des responsables de la FHF, qui l’ont faite signer dans un petit club où elle pourra vite se faire remarquer et être vendue dans une autre organisation à contrepartie des compensations plus alléchantes, au détriment de la joueuse et du club formateur.
Dans ces genres de situations, la jeune footballeuse est entraîné dans n’importe quel accord (un bas salaire, gestion de son compte en banque, en sus de cosigner avec elle). J’ai bien peur que ce ne soit déjà le cas de nos joueuses qui sont déjà en France (Nerilia, Batcheba, Roseline, Sherly). L’on se souvient du cas de l’avant-centre du Cavaly, Gamaël Dorvil.
Il faut que la FHF donne des explications sur le transfert de Melchie Daëlle Dunormay, dans l’intérêt de la joueuse. G.J.M. jeanmarie2220@yahoo.fr
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur VOL. LI, No. 36 New York, édition du 22 septembre 2021, et se trouve en P. 16 à : h-o 22 september 2021