LITTÉRATURE INTERDITE par Dan Albertini
- Terre de Miel aux Épines de Fiel : un titre un second recueil signé Patrick Charles
Ce second recueil de poèmes prépare-t-il littéralement un triptyque en cours ou le roman ? Annonciation chez un poète écrivain coincé dans la provocation du sentiment profond non dévoilé. Je ne raconte pas ici sa poésie, il faut faire l’effort d’aller le visiter.
Je ne suis pas prophète, je suis esthète créateur assez pour vouloir comprendre. L’écrivain a besoin de s’exprimer sur les vagues qui nous emportent vers ce roman plus délicieux, par exemple sur la plage d’été. L’industrie nous le propose. Oups, je dis : industrie, je crains la foudre en prose là où je suis pourtant en berne. Terre de miel… de fiel.
Patrick Charles nous gâte afin de mieux nous avaler plus tard, pourquoi pas. Le marché du livre ne se consacre généralement pas la poésie. Me voilà à mon corps défendant dans les termes commerciaux éphémères tandis que la poésie est évasive, immatérielle. Je la trouve à la fois matérielle quand pat va vers métro Snowdon par exemple (l’homme dans le train (Humanidentité-2018), c’est la chaise vide du roman. Il brille même dans sa médiocrité. Je l’ai constaté l’an 2019 au Salon avec ma fille. Mais, je ne peux pas expédier ‘pat’ sans dédouaner le recueil de fiel au miel. Dédouaner oui, il est au port, libre du commerce poète-écrivain.
Terre de miel aux épines de fiel : est-ce le recueil d’une contestation voilée, le cri du cœur d’une reconnaissance de terrain très habile de l’âme d’un poète largué dans la ville. Un cœur comme celui de l’Haïtien nostalgique vivant deux aux quatre-saisons de Montréal ?
Dans «le cuisinier et le poète», c’est la croisée de deux mondes solitaires.
Brézault parla curieusement de gastronomie, car le poète dans ses recueils qu’il caresse, plus qu’un souvenir ce sont les mots qu’il chatouille. Il est poète Brézault de son émission «reflets de vers libres», à Montréal, mesure chaque souffle coupé. Je l’ai remplacé en projetant son personnage pour l’auditoire, simulant l’étonnante confusion pendant une demi-saison. Je me rappelle aussi de ce cuistot de Grilly (l’Ain en France). Pierre Renaud quand il mijote dans ses casseroles à Gland Suisse, il aimait la poésie malgré adepte de moteurs de voitures. Pierre est solitaire dans ses pensées entre la recette et le service à la salle à manger du Château de la Lignière. Aide, Pierre me saisit de la cuillère de potage et me sert sa poésie culinaire : «goûte-moi ça». Mais sa serviette est : les cuisines du Nimitz dans le port léger de Toulon, le crash test du moteur de la Fiat Punto. Je retourne au titre de ‘pat’ Charles, tel mélange audacieux.
En fait, poète et cuistot, ils ont tous deux l’élan connu d’eux seuls à raconter, pour vous dire : «oublie ça, ce n’a pas d’importance». Ils croient les deux qu’on est de qui trop d’éloges dans ce monde de consommation. Peut-on ne pas consommer le cuistot, le poète tandis que, ils se vantent tous deux de leurs reflets de verre ? Il y aura toujours l’excuse pour le lamb (agneau) arrosé de fumet de poisson parce qu’en en partant de la maison la requête de divorce est sur la table. Même excuse pour un ver cassé quand l’amoureuse l’a quitté pour l’Apollon du bar. Mais, que peut-on vouloir se dire entre un poète et un cuistot en se croisant dans un train ?
Je me suis interrogé sur le fait. Pat prête son ver en surprenante civilité, il fait revivre le plat du cuistot hors du resto. Il prend soin par contre de mieux faire pétiller le mot du poète à sa table. Pourquoi donc inviter Patrick Charles poète dans notre univers : talents, économie si ça prend de l’étoffe, audace, le verbe sans passion ? Mieux, il dévoile le roman d’ici là.
Si je signe de ce fait, m’en voudra-t-il plus que ça !
Cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 22 janvier 2020 VOL. L, No. 3 New York, et se trouve en P. 7 à : http://haiti-observateur.ca/wp-content/uploads/2020/01/H-O-22-Januari-2020-1.pdf